L'art océanien aux enchères : fin de saison - Printemps 2018

Tête sculptée, Tabar, Nouvelle-Irlande. © Sotheby's DR. J

Manche d'éventail anthropomorphe, Îles de la Société. © Sotheby's DR. J

Avec ses trois ventes new-yorkaises et parisiennes c’est au total cinquante-deux œuvres d’art Océanien que Sotheby’s a proposé sur le marché entre mai et juin 2018. Avec 83 % de pièces vendues, le succès des arts Océanien en vente publique s’est donc encore confirmé lors de ces trois sessions.

New-York : 14 mai 2018

Le 14 mai dernier se sont succédées dans les bureaux de Sotheby’s New York les ventes de la Collection d’Howard et Saretta Barnets1 ainsi que la classique divers amateurs de la saison2. Lors de ces deux évènements, un véritable engouement s’est démontré pour les œuvres polynésiennes. En effet, dans la collection Barnet, c’est un manche d’éventail anthropomorphe des Îles de la Société qui a triplé son estimation basse de 100 000 $ pour s’envoler à 325 000 $. Illustrant un rare corpus d’œuvres archaïques – dont les cinq autres témoins sont conservés dans des institutions muséales – cette œuvre exaltait tant dans le style que dans la technique les canons des créations de cet archipel polynésien.

Massue Akatara, Archipel des Îles Cook. © Sotheby's DR. J

Le même jour suivant la session de la collection, la vente classique a consacré deux autres créations polynésiennes : un collier hawaïen lei niho palaoa considéré comme le plus spectaculaire des ornements de la région (estimation : 30 000 – 50 000 : 68 750 $) mais surtout une élégante massue Akatara de l’archipel des Îles Cook. Acquise in situ en 1923 par le Révérend John Williams, cette arme, qui passa également dans la célèbre collection de James Hooper, doubla son estimation basse de 200 000 $, établissant ainsi un nouveau record pour une arme océanienne. Lors de cette session nous pouvons également noter le très beau résultat d’une figure à crochets du Korewori acquis in situ par Roberta Nochimson (100 000 – 150 000 : 250 000 $). Ainsi, malgré trois lots importants invendus – une statue Maori (200 000 – 300 000 €), un Uli provenant du Rietberg Museum (120 000 – 180 000 $) et un bouchon de flûte du Sepik (100 000 – 150 000 $) – ces deux sessions ont réaffirmé la solidité du marché de l’art Océanien, et en particulier celui des pièces d’exception.

Sculpture anthropomorphe, Sépik, Papouasie-Nouvelle-Guinée. © Sotheby's DR. J

Paris : 13 juin 2018

Un mois plus tard c’était au tour de Sotheby’s Paris de présenter sa vente divers amateurs3. Avec ses vingt-neuf œuvres la section océanienne représentait quasiment un tiers de la vente globale, dont seulement cinq ont été invendus. La vente s’ouvrait sur les douze pièces de la collection de Leo et Karin von Oosterom, témoignant de la variété des œuvres de cette région et de l’inventivité des artistes qui les créèrent. Deux pièces ont cependant marqué des évènements importants pour le marché : il s’agit de la grande statue Sepik de l’ancienne collection d’Allan Stone, vendue 309 000 €, ainsi que de la tête de Tabar, publiée en 1971 par Jacques Kerchache, qui trouva également preneur à 309 000 €, marquant ainsi un nouveau record pour une pièce de cette île. Ces deux œuvres, témoins majeurs de leur corpus respectifs, ont démontré l’attrait du marché pour les pièces historiques et iconiques. Un succès qui va de pair avec celui rencontré par les œuvres aux estimations plus raisonnables mais de même qualité – hei tiki, armes aux origines diverses… –  qui ont toutes séduit et trouvé preneur.

Tête sculptée, Tabar, Nouvelle-Irlande. © Sotheby's DR. J

Les événements à venir

Si Christie’s procédera le 27 juin prochain à la dispersion des œuvres de la collection de Liliane et Michel Durand-Dessert, la session parisienne marquait la fin de la saison pour les deux grandes maisons. Il faudra cependant surveiller la vente de la collection Andrault chez De Baecque les 25 et 26 juin prochain, qui présentera entre autre une très belle sélection d’œuvres originaires de l’archipel Bismarck. Pour Christie’s et Sotheby’s, rendez-vous est donc pris à l’automne pour les prochaines ventes de la spécialité. Christie’s a déjà annoncé la date de sa prochaine vente divers amateurs qui se tiendra à Paris le 30 octobre prochain. Quant à Sotheby’s - outre les pièces figurant dans la collection Pierre Bergé (28-29-30 octobre) – le bureau parisien proposera le 10 octobre la Collection Elizabeth Pryce, exclusivement composée d’œuvres d’art océaniennes, ce qui n’avait pas eu lieu depuis la vente de la collection Frum en septembre 2014.

Pierre Mollfulleda

1 http://www.sothebys.com/en/auctions/2018/the-shape-of-beauty-collection-barnet-n09855.html

2 http://www.sothebys.com/en/auctions/2017/art-of-africa-oceania-americas-n09856.html

3 http://www.sothebys.com/en/auctions/2018/arts-dafrique-et-docanie-pf1808.html  

Pierre Mollfulleda

Grâce à une enfance heureuse sous les cocotiers de Tahiti, Pierre a développé très tôt une passion pour l’art polynésien. Ses navigations entre les Marquises, les Australes, la Nouvelle-Zélande ou encore l’île de Pâques n’ont fait que confirmer cet élan naturel qui l’entraîne aujourd’hui. Les voyages sous les tropiques cependant terminés, Pierre est dorénavant Spécialiste chez Sotheby’s sous le ciel gris parisien et sera l’œil du marché de l’art pour CASOAR.

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