Aboriginalities, une exposition des Musées Royaux des Beaux-Arts à Bruxelles

Vue d’une salle de l’exposition Aboriginalities, Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique, Bruxelles © Photographie : Elsa Spigolon

Les Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique, à Bruxelles, présenteront jusqu’au 1er août 2021 Aboriginalities (« Aboriginalités »), une exposition essentiellement consacrée à des œuvres peintes réalisées au XXème siècle par des artistes aborigènes d’Australie.

Kathleen Petyare, Devil Mountain Lizard, 2012, acrylique sur toile de lin, Collection Philippson © Photographie : Elsa Spigolon

Les quelques 150 œuvres aborigènes exposées furent réunies sur une vingtaine d’années par la collectionneuse Marie Philippson. Cet ensemble cohérent et soigneusement sélectionné est le reflet de son (très bon) goût, et propose une expérience sensorielle riche ainsi qu’une fenêtre d’évasion fort bienvenue, à travers laquelle toute personne souhaitant découvrir - ou redécouvrir - la peinture moderne aborigène sur grand format se doit de sauter à pieds joints.

Vue d’une salle de l’exposition Aboriginalities, Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique, Bruxelles © Photographie : Elsa Spigolon

Aboriginalities se donne pour mission de créer des espaces de rencontre, « des bulles d’intersection », entre les artistes d’origine aborigène et des artistes européens du XXème siècle. En tout, une dizaine d’œuvres issues des collections permanentes des Musées Royaux des Beaux-Arts entrent en dialogue avec de grands noms de la peinture moderne aborigène, par exemple Rusty Peters (1935-2020), tenant tête ci-dessous à René Magritte (1898-1967).

À gauche : Rusty Peters, Warrabayan, 2010. Pigments naturels sur toile. Collection Philippson. À droite : René Magritte, L’apparition, 1928. Huile sur toile, collection privée. © Photographie : Elsa Spigolon

À gauche : Judy Watson Napangardi, Sans titre, sans date. Acrylique sur toile. Collection Philippson. À droite : Walter Leblanc, Twisting strings – MX 36, 1975. Ficelles cousues sur toile, le tout peint en blanc et enfermé dans une boîte de plexiglas. Collection des Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique, acquis en 1977. © Photographie : Elsa Spigolon

Vue d’une salle de l’exposition Aboriginalities, Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique, Bruxelles © Photographie : Elsa Spigolon

Le « Temps du Rêve », Dreaming, Dreamtime, – on ne le présente plus – s’exprime avec force contre le fond noir, gris ou blanc des salles construites en rayonnement, et sert d’écrin chromatique à quelques objets aborigènes anciens - imposants poteaux funéraires, boucliers, propulseurs, boomerangs en bois et pendentif en nacre.

Les éclats de beauté ne manquent pas lorsqu’on déambule à travers l’ample espace d’exposition, qui laisse la part belle à la puissance expressive des œuvres. Parmi ces pépites, on a le plaisir toujours renouvelé de croiser la franche vivacité des couleurs de Judy Watson Napangardi (ca. 1925-2016), le geste délié de Sally Gabori (1924-2015), la précision épatante de Kathleen Petyarre (ca. 1940-2018) ou encore les sublimes compositions étourdissantes pour l’œil de Abie Loy Kemarre (1972 - ).

À gauche : Serge Vandercam, Le Pendu, 1962. Huile sur toile. Collection des Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique. Acquis en 1962. À droite : Bill Whiskey Tjapaltjarri, Rockholes and Country near the Olgas, 2008. Acrylique sur toile de lin. Collection Philippson. © Photographie : Elsa Spigolon

Le minimalisme des informations dans les salles et sur les cartels est en partie compensé par un livret bien conçu, consultable en ligne, qui présente quelques créations choisies en les indiquant au visiteur par des motifs partiellement représentés. Le système, qui peut parfois porter à confusion (la flèche ou le cercle concentrique ne sont pas l’apanage d’une seule œuvre), ne manque cependant pas d’intelligence car il invite également à initier son regard à la recherche de l’indice en question dans les nombreuses toiles qui jalonnent le parcours.

Quelques symboles-indices extraits du livret du visiteur de l’exposition Aboriginalities.

Au centre de l’exposition, une œuvre monumentale de Debbie Brown Napaljarri (1985 - ) est un véritable point focal de la visite. Acrylique blanche sur fond noir et de plusieurs mètres de long et de haut, elle absorbe immédiatement son spectateur et fait souffler le vent dans les dunes de sable aux oreilles de celui qui la regarde. Le motif du point, agencé avec virtuosité, devient grain minéral emporté par des bourrasques sur les crêtes rouges du désert du Territoire du Nord, d’où l’artiste est originaire.

Debbie Brown Napaltjarri, Tali Tjuta (Nombreuses collines de sable), 2019. Acrylique sur toile de lin. Collection des Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique, don de la galerie Yanda Aboriginal Art, Alice Springs (Australie), 2020. © Photographie : Elsa Spigolon

Aboriginalities est une belle découverte, et propose pour celles et ceux qui ne connaîtraient pas l’art aborigène d’Australie moderne et contemporain une superbe introduction. Vous avez jusqu’au 1er août pour vous émerveiller !

Elsa Spigolon

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