comments 2

La Tortue rouge

       Un homme échoué sur une île pas tout à fait déserte, et qui doit apprendre à survivre dans une nature qu’il ne maîtrise pas ? Non, il ne s’agit pas de La Vie et les aventures étranges et surprenantes de Robinson Crusoé, ni de Vendredi ou les Limbes du Pacifique, mais de l’un des chefs-d’œuvre du cinéma d’animation de ces dernières années : La Tortue rouge.

Bande annonce de La Tortue Rouge, 2016.

    Si le cinéma d’animation vous est familier, vous connaissez sans doute le Studio Ghibli. Si ce nom ne vous évoque rien, peut-être que celui de Princesse Mononoke, Le voyage de Chihiro ou encore Le château ambulant vous reviendra davantage.
La Tortue rouge, une perle franco-néerlando-japonaise, est une coproduction du Studio Ghibli, de Wild Bunch et de Why Not Productions. Michael Dudok de Wit, après avoir reçu la proposition de réaliser un long-métrage, travaille de concert avec Pascale Ferran pour l’écriture du scénario. Isaho Takahata, le réalisateur du bien connu Tombeau des lucioles, participe à la direction artistique du film. L’animation, quant à elle, est dirigée Jean-Christophe Lie et Michael Dudok de Wit.

      Le film, sorti en 2016, récolte de nombreux éloges et reçoit le prix spécial « Un certain regard » au festival de Cannes 2016, avant d’être nommé aux Césars 2017 et aux Oscars 2017 pour le prix du Meilleur film d’animation. Il doit finalement s’incliner face à Zootopie, le dernier né des Studios Disney – ce qui n’est pas surprenant mais n’en est pas moins décevant.

Dessins originaux de storyboard pour La Tortue Rouge de Michael Dudok de Wit. Copyright : © 2016 Studio Ghibli – Wild Bunch – Why Not Productions – Arte France Cinéma CN4 Productions – Belvision – Nippon Television Network – Dentsu – Hakuhodo DYMP Walt Disney Japan – Mitsubishi – Toho

      La Tortue rouge est une fable qui s’apprécie d’autant plus en tant qu’adulte qu’elle donne à voir l’humain et sa condition d’une façon sensible et poétique. Fragilité face à la nature, peur de l’abandon, survie face à la solitude, vie et mort, amour, transmission et descendance en sont les maîtres mots.

            En 2014, Michael Dudok de Wit évoquait le film en cours de réalisation de la façon suivante :

" Je voudrais avec ce film, parvenir à combiner trois éléments. Tout d’abord, une histoire forte. Ensuite, je souhaite que cette histoire s’inscrive dans un univers visuel empreint de beauté : beauté naturelle des paysages, du jeu des ombres et de la lumière du soleil et de la lune, de l’élégance et de la subtilité des mouvements. J’aimerais aussi que le film témoigne d’un profond respect pour la nature, y compris pour la nature humaine, et qu’il véhicule un sentiment de paix et d’admiration devant l’immensité de la vie. »

    À la frontière de la réalité, le personnage principal voit rapidement sa solitude comblée par la présence mystérieuse d’un animal qui l’empêche de quitter l’île à bord d’un radeau de fortune : une tortue géante à carapace rouge. La frustration de ne pouvoir rejoindre le continent laisse place à la fascination, qui culmine lorsque sort des flots une femme aux cheveux rouges. L’homme ne quittera plus cette île anonyme ; on vous laisse découvrir pourquoi.

69264126_2294723197458292_4355599460986781696_n

La Tortue Rouge, 2016.

    Les lignes du dessin, tracées au fusain et complétées à l’encre numérique, sont franches et sincères et sont le support d’une histoire touchante qui se passe de mots. Les quatre-vingts minutes s’écoulent comme dans un rêve, où les paroles sont remplacées par la musique originale de Laurent Perez del Mar, que nous vous laissons apprécier ci-dessous.

Musique originale de La Tortue Rouge, composée par Laurent Perez del Mar.

    À la sortie du film, Télérama félicite La Tortue rouge, un « somptueux » film d’animation possédant « la force des plus grands récits mythologiques, qui « dix fois, cent fois, déjoue nos attentes, nos habitudes de spectateur ». Dans La Voix du Nord, Lucie Vidal est touchée par « une histoire universelle : celle de notre vie, de la naissance à la mort, avec ses épreuves et ses joies », quitte à « [déranger] un (jeune) public habitué à l’humour, aux rebondissements et aux bons sentiments ». Elle ajoute enfin que le récit « prend aux tripes et touche au cœur » grâce à « des symboles simples et clairs » magnifiés par la musique.

     Nous laisserons le mot de la fin au réalisateur, qui dans le documentaire ci-dessous revient sur la genèse du film. Casoar vous invite sur cette île universelle parcourue par le personnage de La Tortue rouge et vous souhaite un beau moment de cinéma !

La naissance de La Tortue Rouge.

Elsa Spigolon

Image à la une : Image du film d’animation La Tortue Rouge.

Bibliography:

2 Comments

Leave a Reply


This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.