L'œuvre de Behrouz Boochani : comment représenter la souffrance ?
"Comment puis-je décrire la souffrance d'un père qui est séparé de sa femme et de ses enfants pendant six ans ?Comment puis-je décrire une mère qui voit ses petits enfants grandir pendant six ans dans un camp de prisonniers ?Comment puis-je décrire un jeune homme qui était plein de vie mais qui a perdu la possibilité de poursuivre ses études, de trouver l'amour, qui a perdu sa santé, sa famille, son espoir, qui a perdu de nombreuses opportunités que vous considérez comme acquises ?"1
Behrouz Boochani, TedxSydney L'écriture est un acte de résistance.
Behrouz Boochani, journaliste kurde, est devenu la voix et le visage de la résistance contre la politique migratoire australienne. À travers différents articles de presse, un livre et un film, il offre une contre-narration forte et intime au discours officiel australien sur les immigrants clandestins. Il a réalisé en 2017 le film Chauka, Please Tell Us the Time avec Arash Kamali Sarvestani, un cinéaste néerlando-iranien. L'année suivante, Boochani a publié son livre, No Friend but the Mountains, résultat de son travail avec son traducteur, Omid Tofighian, un philosophe irano-australien. Les deux ouvrages ont été rendus possibles grâce à des téléphones portables introduits clandestinement dans la prison (ou centre de traitement offshore). Le livre a été écrit et envoyé par WhatsApp à Omid Tofighian et les images ont été enregistrées et envoyées à Arash Kamali Sarvestani. Le film dépeint l'histoire de Boochani, un journaliste emprisonné, et sa relation avec Janet Galbraith, une journaliste australienne. Celle-ci demande à Boochani de lui fournir des documents et des preuves sur une cellule de prison appelée Chauka (qui est aussi le nom d'un oiseau local). Dans cette recherche de preuves, les images et les sons sont une autre façon de représenter la douleur et la souffrance imposées par la prison et son idéologie. En ce qui concerne le livre, le récit se déroule dans une chronologie plus large. Le lecteur suit Boochani depuis l'Indonésie jusqu'à ses tentatives de rejoindre l'Australie sur des bateaux de fortune. Il est ensuite capturé et détenu pendant un mois sur l'île Christmas avant d'être envoyé à la prison de Manus où il reste six ans. Les deux projets ont été largement salués par le grand public et les milieux universitaires. Le film a tourné dans les festivals et le livre a remporté en janvier 2019, le Victorian Prize for Literature et le Victorian Prize for Non-Fiction, les plus hautes récompenses littéraires australiennes.
La prison de Manus, ou ce qui est connu par le gouvernement australien sous le nom de Manus Regional Processing Centre, est située sur l'île de Los Negros dans la province de Manus, en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Même si le territoire fait partie de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, indépendante depuis 1975, les autorités australiennes gèrent ce centre depuis 2001. L'autre "centre de traitement extraterritorial (offshore processing centre)“ se trouve sur l'île de Nauru, en Micronésie. Les deux pays, Nauru et la Papouasie-Nouvelle-Guinée, sont économiquement très dépendants de l'Australie. Depuis 1992, tous les demandeurs d'asile "non autorisés" sont retirés de la conscience publique puisqu’ils sont tous placés dans ces centres de détention. Dans l'histoire de la politique migratoire australienne, la première politique a été celle de The Pacific Solution du gouvernement de John Howard en 2001. C'est à cette époque que les "centres" de Nauru et de Manus ont été créés. La détention pour une durée indéterminée de tous les demandeurs d'asile - y compris les femmes et les enfants - arrivant en Australie est justifiée par le Migration Act 1958. Grâce au mécanisme de mesures administratives et législatives complexes, cette détention indéfinie est rendue possible et légale. Pendant le mandat de Kevin Rudd (2007-2010), la détention des demandeurs d'asile a été suspendue. Les centres de Nauru et Manus ont été cependant rouverts en 2012 et 2013 sous le gouvernement de Julia Gillard par le biais d'une nouvelle politique migratoire, The Pacific Solution II. Cette politique était encore plus stricte que la précédente puisque les personnes envoyées à Nauru et Manus sont interdites de revenir sur le territoire australien. La prison de Manus a été fermée en octobre 2017 après que la Cour suprême de Papouasie-Nouvelle-Guinée ait jugé la prison illégale. Cependant, la situation sur place n’était toujours pas réglée. Les détenus ont été transférés de force dans d'autres centres de l'île de Manus. Boochani vit désormais en Nouvelle-Zélande, mais en juin 2021, 125 détenus étaient toujours en Papouasie-Nouvelle-Guinée et 108 à Nauru, vivant dans des conditions très précaires.2
En plus de l'éloignement géographique de l'Australie, les détenus sont également rendus invisibles et inaudibles par l’embargo des médias et de multiples interdictions concernant l’information autour des “centres”. Afin de dissimuler la réalité de ces prisons, le gouvernement australien crée tout un attirail juridique. Des amendements ont été apportés en 2014 à la loi australienne de 1979 sur les organisations de renseignement de sécurité contre la liberté de la presse. Les médias sont désormais interdits de rendre compte des "opérations spéciales de renseignement.” De plus, les médias étaient contrôlés par le pouvoir australien suite à la promulgation de la loi de 2015 sur les télécommunications (interception et accès) modifiant la rétention des données. Le gouvernement disposait de nouveaux pouvoirs pour demander des "mandats d'information pour les journalistes.” Le gouvernement peut désormais demander aux entreprises de télécommunications de fournir les données des journalistes et ainsi, révéler leurs sources.3
L'importance du travail de Behrouz Boochani est donc encore plus grande. Il a réussi à faire entendre sa voix et son récit et à les rendre visibles dans les médias grand public en Australie et dans le monde entier. Son livre et son film abordent tous deux la question de la représentation de la douleur et de la souffrance. Comment représenter sa douleur et sa souffrance à un public extérieur ? C'est le principal combat de Boochani. Il voulait éviter l'écueil de dépeindre son expérience et celle de ses codétenus comme étant misérables, sans pouvoir, sans individualité et complètement réduits à leur situation actuelle d'immigrant. Ce discours et les images de l'Autre souffrant sont principalement dépeints par trois "genres" : le journalisme, la photographie documentaire et les films documentaires. Ils créent et diffusent des images stéréotypées des demandeurs d'asile en tant qu'Autres. Leur langage est intimement ancré dans les structures de pouvoir dans lesquelles s'inscrit la prison de Manus.4 Tant dans son livre que dans le film, Boochani révèle les problèmes liés à la rationalité de ces genres. Dans le livre, il évoque notamment ses problèmes avec les journalistes et les photographes sur l'île Christmas. La caméra était utilisée comme une arme, dominant et revendiquant la propriété sur son corps. L'appareil photo matérialise cette relation de pouvoir déséquilibrée dans laquelle le réfugié est réduit au désir du photographe de prendre une photo qui "évoque le sentiment de compassion le plus élevé possible."5 Dans cette perspective, l'identité et la personnalité du sujet photographié importent peu. Boochani décrit précisément ce pouvoir qu'a l'appareil photo de déshumaniser les réfugiés. Lors du transit entre l'île Christmas et la prison de Manus, les photographes et journalistes présents sur le tarmac opèrent de la même manière que les policiers.
"Le pandémonium se déchaîne à l'aéroport. Des dizaines de policiers se tiennent près de l'avion en mode militaire. Quelques journalistes ont préparé leurs caméras. Tous nous attendent. Les interprètes sont là, eux aussi. [...] Je n'arrive pas à comprendre pourquoi ils doivent sécuriser cet espace. J'ai peur des journalistes, j'ai peur des caméras qu'ils tiennent.
Les journalistes enquêtent sur tout. Ils sont toujours à la recherche d'événements horribles. Ils puisent leur matière première dans les guerres, les mauvais événements, la misère des gens. Je me souviens que lorsque je travaillais pour un journal, je m'agitais en écoutant toutes les nouvelles concernant, par exemple, un coup d'État, une révolution ou une attaque terroriste. Je me mettais au travail avec une grande ferveur et je me ruais sur ce genre de recherche comme un vautour ; à mon tour, je nourrissais l'appétit des gens.Les journalistes surveillent la situation comme des vautours : ils attendent que les misérables et les miséreux sortent du véhicule ; ils sont impatients de nous voir débarquer le plus vite possible, d'apercevoir les pauvres et les impuissants et de se jeter sur nous...
Clic, clic/
Attendant de prendre leurs photos/
Clic, clic
- et envoyer les images au monde entier. Ils sont complètement hypnotisés par la politique sale du gouvernement et ne font que suivre le mouvement. Le marché, c'est que nous devons nous comporter comme si nous étions un avertissement, un exemple qui serve de leçon pour les gens qui pensent demander l'asile en Australie."6
Et la description continue, quelques pages plus loin :
"J'avais l'air si affaibli. Je marchais comme si mon esprit ne pouvait plus guider mes jambes. En marchant, j'avais l'impression d'être assis sur un bateau ballotté par les marées. Lorsque nous avons débarqué, ces journalistes fouineurs et leurs méprisables caméras nous ont bombardés. J'étais trop faible pour lever la main pour me couvrir le visage. Nul doute que le spectacle de voyageurs sauvés de la noyade et parvenus miraculeusement sur la terre ferme était un sujet sensationnel.
C'est la deuxième fois en peu de temps que nous sommes devenus les objets d'enquête de ces personnes indiscrètes. L'aéroport de l'île Christmas est devenu un studio pour une séance photo. On dirait qu'ils sont en embuscade, attendant le moment où ils pourront me voir sans défense et fragile. Ils attendent de faire de moi le sujet de leur enquête. Ils veulent effrayer les gens avec le mouvement de mon cadavre possédé.
[...] Peu importe qui je suis, peu importe comment je pense, dans ces vêtements, j'ai été transformé en quelqu'un d'autre.
Tout cela mis à part, comment puis-je passer devant toutes ces caméras ? En particulier, ces quelques jeunes femmes blondes avec un étrange enthousiasme pour prendre des photos - et de si près, de presque aucune distance. Je ne dois pas montrer de faiblesse. Je jette la prudence au vent et sort du véhicule. Les géants m'attendent. Ils verrouillent immédiatement leurs biceps avec les miens et se dirigent vers l'avion. Je garde la tête haute - je fais de longs pas - je veux mettre fin à cette scène douloureuse le plus rapidement possible.
Nous nous approchons des journalistes. L'une des filles blondes s'éloigne de quelques pas et s'agenouille, prenant quelques photos artistiques de mon visage ridicule. Sans aucun doute, elle créera un excellent chef-d'œuvre qu'elle pourra rapporter et montrer à son rédacteur en chef, puis recevoir des encouragements pour avoir fait preuve d'initiative. Ce corps mince sous ces vêtements amples et négligés - tout cela du point de vue d'une personne située en dessous de la taille. Et ce sera vraiment une œuvre d'art brillante. Je garde la tête haute, digne, et j'essaie de garder cette attitude pendant que je monte les marches de l'avion. Mais mes pas ressemblent plus à ceux de quelqu'un qui essaie de s'enfuir."7
L'intrigue de Chauka, Please Tell Us the Time tourne également autour de la méfiance de Boochani envers le journalisme. Étant détenu, il se rend compte que le langage du journalisme fondé sur les preuves et les documents est incapable de transcrire son expérience en prison. La prison et son idéologie s'inscrivent dans un système complexe qu'il appelle "le système kyriarcal". Le terme kyriarchie a été inventé par Elisabeth Schüssler Fiorenza pour désigner des systèmes sociaux interdépendants créés à des fins de domination, d'oppression et de soumission.8 Ce système particulier implique une certaine violence physique mais aussi et surtout une violence psychologique. Le problème avec le langage journalistique est que, si l'on regarde les preuves et les documents concernant la prison de Manus, la prison est légale et les détenus semblent bien traités.9 Pourtant, la réalité est bien différente. "Ils doivent faire la queue pendant des heures pour les nécessités les plus simples, comme la nourriture, le savon, l'eau et l'accès à des toilettes ; la communication avec le monde extérieur est restreinte et parfois interdite, les téléphones portables étant confisqués ; des traducteurs sont rarement disponibles pour ceux qui ne connaissent pas l’anglais ; et l'accès aux soins de santé est difficile - même pour ceux dont la vie est en danger.” 10 Le système de domination est maintenu par la manipulation d'images stéréotypées. Des officiers australiens gèrent la prison mais les principaux travailleurs sont les habitants de l'île de Manus. Le système kyriarcal crée la peur : les fonctionnaires australiens informent les réfugiés avant leur arrivée que les Manusiens sont des cannibales primitifs et de la même manière ils présentent aux Manusiens les réfugiés comme de dangereux terroristes.11 Chaque groupe craint l'autre et le système peut ainsi régner et se maintenir. Diviser est également l'un des principaux objectifs des files d'attente constantes pour la nourriture, le téléphone et les médicaments. Ce processus crée des rivalités, des tensions et des divisions entre les groupes. Cette domination est également renforcée par la surveillance permanente des détenus. Ils sont constamment observés par les gardiens et les caméras de vidéosurveillance.12
Si la rationalité du journalisme ne peut retranscrire son expérience et sa souffrance, Boochani explore de nouveaux langages pour écrire et combattre la prison qui vise à réduire les personnes à des numéros, à effacer leurs histoires, leurs identités. La recherche d'un nouveau langage vise également à lutter contre la marchandisation et l'objectification de la douleur et de la souffrance des réfugiés dans le journalisme, la photographie et film documentaires.13 Boochani croit fermement au pouvoir des mots. Son principal exemple est le terme "centre de traitement extraterritorial". Il est créé et utilisé par les officiels australiens pour décrire la prison afin de minimiser ce qui se passe à l'intérieur. Ce terme est souvent repris par les médias et des organisations telles que les organisations humanitaires. En l'appelant "prison", Boochani change notre vision et met en lumière la réalité de ces lieux.14
Il est important de considérer No Friend but the Mountains et Chauka, Please Tell Us the Time comme des œuvres d'art à part entière. Grâce à ce processus créatif, Boochani est en mesure d'affirmer son identité et donc de résister au système. Dans le livre, il présente d'autres façons de résister au système kyriarcal avec notamment un co-détenu qu’il nomme Maysam la Putain. Il n'enfreint aucune règle, mais il joue avec elles en se produisant, en dansant et en chantant. Cette personne va au-delà de ce que le système a imaginé.15 De la même manière, Boochani va au-delà de ce que le système attend des détenus en écrivant sur son téléphone portable. Boochani décrit son rôle d'écrivain comme suit :
"Lorsque je suis arrivé à Manus, je me suis créé une autre image. J'imaginais un romancier dans une prison isolée. Parfois, je travaillais à moitié nu à côté des clôtures de la prison et j'imaginais un romancier enfermé juste là, dans cet endroit. Cette image était impressionnante. Pendant des années, j'ai entretenu cette image dans mon esprit. Même lorsque j'étais obligé d’attendre dans de longues files d'attente pour obtenir de la nourriture, ou lorsque j'endurais d'autres moments humiliants."16
C'est particulièrement visible lorsqu'il décrit la zone verte (Green Zone), un secteur de la prison depuis le toit d'un bâtiment.
“Mais j'écris mes réflexions comme si j'étais un observateur, un observateur avec une vue d'en haut, ce qui me permet de trancher mes expériences comme un couteau, de trancher avec agressivité, avec la langue comme une épée, de couper au plus profond de soi, de couper au plus profond, comme ces moments après s'être réveillé d'un cauchemar, un cauchemar dépeignant une nuit aride et glaciale, un cauchemar dépeignant la vie elle-même."17
La narration de No Friend but the Mountains déroute le lecteur. Boochani mélange les genres. Il donne des surnoms à toutes les personnes dépeintes pour protéger leur identité mais cela les transforme aussi en personnages. Le nom souligne souvent des éléments de leur personnalité ou des caractéristiques physiques.18 Ce faisant, certaines parties du livre peuvent être lues comme des histoires fictives avec souvent beaucoup d’humour. Mais la réalité revient toujours et frappe le lecteur. Certaines parties du livre tendent vers une description et une analyse plus rationnelles de la situation. De plus, le livre est construit autour de poèmes. Si Boochani mélange les genres, il joue aussi avec de multiples références aux cultures et littératures kurdes et iraniennes mais aussi à la littérature ou à la philosophie occidentale.19 C'est un autre aspect important des œuvres de Boochani : elles sont destinées à un public occidental. L'approche créative lui permet de troubler le lecteur pour le faire réfléchir et agir. Une confusion similaire peut être observée dans le film entre ce que nous entendons et ce que nous voyons. Les images et les sons semblent déconnectés. Ce faisant, le spectateur ne peut pas regarder et écouter passivement ; il doit entendre les témoignages de Boochani et de ses codétenus.20
"Je suis vraiment désolé, désolé que je vous mette mal à l'aise, mais je pense que je n'ai pas d'autre choix que de vous mettre mal à l'aise parce que c'est mon histoire."21
Enzo Hamel
1 BOOCHANI, 2019a.
2 ROYO-GRASA 2021, pp. 1-2 & TAZREITER, 2020, p. 197
3 TAZREITER, 2020, p. 197.
4 TAZREITER, 2020, pp. 201-202.
5 TAZREITER, 2020, p. 202.
6 BOOCHANI, 2018a, pp. 91-92.
7 BOOCHANI, 2018a, pp. 93-97.
8 BOOCHANI, 2018a, p. 124.
9 BHATIA & BRUCE-JONES, 2021, pp. 83-84.
10 TAZREITER, 2020, p. 200.
11 GALBRAITH, 2019, p. 195.
12 ROYO-GRASA, 2021, p. 4.
13 BOOCHANI, 2019a.
14 BOOCHANI, 2018a, pp. xxvii-xxviii.
15 BHATIA & BRUCE-JONES, 2021, p. 85.
16 BOOCHANI, 2019b.
17 BOOCHANI, 2018a, pp. 263-264.
18 BOOCHANI, 2018a, p. xxvii.
19 BOOCHANI, 2018a, p. xxiii.
20 GALBRAITH, 2019, p. 194.
21 BOOCHANI, 2019a.
Bibliographie :
BHATIA, M. & E. BRUCE-JONES. 2021. “Time, torture and Manus Island: an interview with Behrouz Boochani and Omid Tofighian”. Race & Class, Vol. 62, no. 3 pp. 77-87.
BOOCHANI, B. 2017. “I write from Manus Island as a duty to history”. The Guardian, https://www.theguardian.com/commentisfree/2017/dec/06/i-write-from-manus-island-as-a-duty-to-history
BOOCHANI, B. 2018a. No Friend but the Mountains. Londres: Picador.
BOOCHANI, B. 2018b. A letter from Manus Island. Adamstown: Borderstream Books.
BOOCHANI, B. 2018c. “Manus prison poetics/our voice: revisiting ‘A Letter From Manus Island’, a reply to Anne Surma”. Continuum, Vol. 32, no. 4, pp. 527-531.
BOOCHANI, B. 2019a. Writing is an act of resistance | Behrouz Boochani | TEDxSydney. LIEN
BOOCHANI, B. 2019b. “Behrouz Boochani's literary prize acceptance speech – full transcript”. The Guardian, https://www.theguardian.com/world/2019/feb/01/behrouz-boochani-on-literary-prize-words-still-have-the-power-to-challenge-inhumane-systems
BOOCHANI, B & A. K. SARVESTANI. 2017. Chauka, Please Tell Us the Time.
GALBRAITH, J. 2019. “A Reflection on Chauka, Tell Us the Time”. Alphaville: Journal of Film and Screen Media, no. 18, pp. 193-198.
ROYO-GRASA, P. 2021. “Behrouz Boochani’s No Friend but the Mountains: A Call for Dignity and Justice”. The European Legacy, online article, last access on October 5, at https://doi.org/10.1080/10848770.2021.1958518
SARVESTANI, A. K. 2020. “On the Path to Chauka, Please Tell Us the Time”. PARSE, Vol. 10, online article, last access on October 5 at https://parsejournal.com/article/on-the-path-to-chauka-please-tell-us-the-time/
TAZREITER, C. 2020. “The Emotional Confluence of Borders, Refugees and Visual Culture: The Case of Behrouz Boochani, Held in Australia’s Offshore Detention Regime”. Critical Criminology, no. 28, pp. 193-207.