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Évoquer et invoquer le surnaturel – les objets de la chasse aux têtes et de la pêche à la bonite (Partie 1)

       Facilement identifiables visuellement, les sculptures de bois noir décorées de motifs blancs produites dans l’archipel des Salomon (à l’exception des îles les plus au nord), leur iconographie récurrente, les êtres hybrides qu’elles représentent, ont pour ainsi dire tapé dans l’œil des arrivants occidentaux. Au-delà de leurs qualités esthétiques, c’est l’imaginaire qu’elles convoquent, évocateur d’un archipel associé à l’aube du XXème siècle à une vision fantasmée du cannibalisme, qui participe à la popularité des pièces salomonaises auprès du public occidental. Elles interviennent dans les échanges avec les baleiniers dès la deuxième moitié du XIXème siècle.1 L’intensification des contacts, modifiant les rapports de force entre les différentes populations et créant de nouveaux circuits d’échanges, mais également l’arrivée d’outils en métal facilitant le travail des sculpteurs, puis les conversions massives au christianisme au début du XXème siècle, créèrent les conditions d’un afflux de ces objets dans les collections européennes. Après la Seconde Guerre mondiale se développe un marché d’artisanat reproduisant certaines pièces précoloniales à destination des touristes visitant l’archipel.2
L’apparente unité stylistique de ces productions, reposant sur « l’usage récurent des valeurs maximales de la gamme chromatique »3 (le blanc, maximum du clair ; le noir, maximum du sombre ; et le rouge, maximum coloré), ne peut occulter l’existence de disparités régionales, ni surtout la richesse conceptuelle présidant à leur création. Au cours des trois articles à venir, nous ferons un tour d’horizon des différents contextes et modalités de production de ces objets dont un des marqueurs visuels importants (mais pas exclusif) est le contraste, à travers l’exploration des deux pratiques majeures auxquelles ils sont liés : la chasse aux têtes et la pêche à la bonite.

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Cinq sculptures des îles Salomon chez un collectionneur, Stephen Thompson, tirage albuminé, 1863 (tirage de 1870), Londres.  Reproduction avec l’aimable autorisation d’Anthony Meyer

Un territoire multiple

          L’archipel des Salomon est constitué d’une double rangée d’îles, situées au nord-est de la Nouvelle-Guinée, en Mélanésie. À six grandes îles – Choiseul, la Nouvelle-Géorgie, Santa Isabel, Guadalcanal, Malaita et San Cristobal (Makira) – s’ajoutent quarante plus petites et de nombreux atolls et îlots, formant un ensemble de près de neuf cent terres. Il convient de distinguer ces données géologiques d’autres, politiques et culturelles, car l’archipel est divisé entre d’un côté l’état de Papouasie-Nouvelle-Guinée (dont font partie les îles les plus septentrionales : Nissan, Buka et Bougainville) et de l’autre celui des Salomon, indépendant depuis 1978 (comprenant le reste de l’archipel ainsi que les îles Santa Cruz).
L’histoire du peuplement de ces îles, de l’établissement des premiers campements humains il y a vingt-neuf mille ans à l’arrivée des baleiniers européens dans les années 1790, s’écrit en plusieurs vagues successives. Des peuplements papous, austronésiens puis polynésiens se sont succédés sur des milliers d’années, soit par l’arrivée limitée dans le temps de nouveaux occupants, soit par des échanges et l’exercice d’une influence à long terme.4  Il en résulte, malgré des fondements culturels communs (la culture Lapita5 à partir de 2700 BP dans le Nord de l’archipel, associée à l’expansion des langues et productions matérielles austronésiennes, puis un système de navigation efficace rendant les contacts entre les îles fréquents) et la mise en œuvre de ressources identiques (coquillages blancs, bois d’ébène, etc.), une importante hétérogénéité culturelle, dont les quatre-vingt langues aux souches diverses (austronésiennes majoritairement, polynésiennes, et quatre langues papoues) actuellement parlées dans l’archipel sont le témoignage.
Hormis les enclaves polynésiennes de Rennell et Bellona, on peut distinguer trois aires culturelles.6 Les îles de Nissan, Buka et Bougainville sur lesquelles on ne retrouve pas les incrustations de coquillages universellement utilisées au sud du détroit de Bougainville mais qui présentent à l’inverse des similitudes formelles avec la Nouvelle-Bretagne et la Nouvelle-Irlande (Papouasie-Nouvelle-Guinée). Choiseul, Santa Isabel et le groupe de la Nouvelle-Géorgie, dont un des éléments culturels marquant les productions matérielles (et l’imaginaire des Européens !) est la pratique de la chasse aux têtes. Enfin, les îles du sud-est et le groupe des Santa Cruz, lesquelles, sans pratiquer la chasse aux têtes, présentent de nombreux traits culturels communs avec les îles occidentales à travers le « culte de la bonite ». Dans cette série d’articles nous nous intéresseront à ces deux dernières aires culturelles qui, par les activités prédatrices et cultuelles qu’elles déploient en mer, produisent des artefacts très proches visuellement.

Carte des îles Salomon, Buka-Bougainville et des îles Santa Cruz. © CASOAR

Deux activités prédatrices

         Différentes espèces de thonidés, et particulièrement la bonite à ventre rayé7, sont au centre de plusieurs formes de pêches ritualisées dans toute la partie orientale des îles Salomon. La bonite intervient par exemple dans l’initiation des garçons (maraufu ni waiau, « initiation à la bonite »)8, qui débute par une expédition de pêche et se poursuit par l’ingestion d’un peu du sang de cet animal. Chez les Owa (Aorigi), on frotte le torse du jeune initié avec la peau du poisson afin d’en imprimer l’empreinte.9 À Marika, une pêche est organisée pour le rituel consacrant les membres de la communauté sacrée des pêcheurs de bonites.10 De même, la capture de bonites est nécessaire à l’inauguration d’une nouvelle pirogue, ou des abris à pirogues.11
Plus localisée, la chasse aux têtes12 s’est probablement développée depuis le lagon de Roviana (Nouvelle-Géorgie) au plus tard au XVIème siècle.13 Les données archéologiques laissent à penser que l’expansion de la chasse aux têtes, et des pratiques économiques et culturelles qui lui étaient liées, se fit sous l’impulsion d’une puissante organisation politique en chefferie. Ainsi s’étendit, par la cooptation ou l’anéantissement des populations voisines, une culture matérielle commune à tout l’archipel de Nouvelle-Géorgie, et au-delà, aux îles de Santa Isabel et de Choiseul.14  La chasse aux têtes était une activité saisonnière restreinte principalement, mais pas uniquement, aux mois de novembre et décembre, quand les mers sont les plus calmes. Les expéditions partaient en majorité de Nouvelle-Géorgie pour aller vers Santa Isabel, Choiseul ou Malaita.15 Les îles directement voisines étant de préférence épargnées, car inclues dans des relations commerciales, il fallait s’aventurer plus loin pour les raids belliqueux. L’acquisition de têtes humaines était le but principal de ces expéditions, mais des hommes, des femmes et des enfants étaient aussi capturés vivants. Les captifs devaient travailler dans le village de leur ravisseurs (tout en constituant une « réserve » de têtes disponible pour l’avenir), et pouvaient parfois acquérir des fonctions de prêtres funéraires. Les enfants étaient adoptés par la communauté. La chasse aux têtes était une pratique encadrée, et le sacrifice de tête humaine était nécessaire dans un nombre de cas précis et limité :  la mort d’un chef, l’inauguration d’une nouvelle pirogue, d’une maison commune ou d’une maison funéraire. Des têtes étaient également exigées pour pouvoir mettre fin au deuil des veuves de chefs.16 Après avoir été utilisées, les têtes étaient nettoyées, parfois surmodelées avec le mastic d’une noix, puis placées dans des casiers dans les hangars à pirogues.17 Un nombre important de crânes témoignait de la puissance de la communauté, et de sa capacité à s’organiser pour en acquérir.

Des pratiques comparables ?

       Passé le constat qu’il s’agit de deux activités prédatrices se déroulant sur la mer – élément prépondérant du paysage des îles Salomon – on remarque que la chasse aux têtes et la pêche à la bonite présentent de nombreuses similitudes. Il est en tout cas difficile, pour les communautés qui, comme la chefferie d’Eddystone (Nouvelle-Géorgie), pratiquaient la chasse aux têtes et des activités de pêche à la bonite, de différencier systématiquement les rituels destinés à la pirogue, ceux destinés à la bonite et ceux, également étroitement liés aux pirogues, présidant à la chasse aux têtes.18 Les rituels consacrant le départ en mer étaient proches et poursuivaient un but commun : favoriser les hommes et la pirogue elle-même, afin qu’elle résiste aux avaries et attire à elle des bonites ou des têtes humaines.19 Mais les similitudes ne s’arrêtent pas là :

« Lorsque l’expédition rapporte au moins dix têtes, on effectue le rituel vavagita, identique à l’un des rituels de la bonite : il consiste à pousser un cri qui permet de localiser les bancs de bonites en appelant les oiseaux qui signalent toujours la présence des poissons ; en même temps, on fait bouillonner l’eau en l’agitant avec la main autour de l’hameçon pour tenter de le dissimuler aux poissons. Au retour de la chasse aux têtes, on pousse ce cri en essayant de troubler l’eau […]. Tout ceci est accompagné de formules adressées aux oiseaux. »20

            Ceci n’est qu’un des nombreux exemples de mimétisme entre ces deux pratiques sacrificielles observées à Eddystone. Toutes deux intervenaient entre autres dans le cycle funéraire consécutif de la mort d’un chef (on sacrifiait une bonite au cinquantième jour des fêtes funéraires, puis une tête humaine au centième, pour conclure les funérailles).21 Le sacrifice d’une tête, auprès de l’autel des esprits ayant permis son acquisition et afin qu’ils participent à nouveau à la prochaine chasse, impliquait de réciter la formule suivante, qui semble destinée à favoriser non seulement la chasse, mais également la pêche :

« Que le sang coule sur la pirogue de guerre, qu’il coule sur la pirogue de pêche, soyez efficaces. »22

Des hommes et des bonites

       Si la comparaison des rituels les entourant permet de « conclure à l’équivalence de ces deux activités majeures que sont la chasse aux têtes et la pêche à la bonite »23, comment comprendre la place qu’occupent l’une par rapport à l’autre les deux proies en question ? Il faut penser le transfère métaphorique qui s’effectue de l’homme au poisson, et plus généralement le rapport non dichotomique24 que l’Homme entretient avec les entités vivantes qui l’entourent. En témoigne la manière anthropomorphisante dont les pêcheurs de la lagune de Marovo considèrent les produits de leur pêche :

« La relation que les habitants de Marovo ont avec la mer et le récif s’articule sur le principe que les personnes établissent des rapports fondamentalement sociaux avec les poissons (et autres organismes marins) par le biais de leur pêche. La capture des poissons est principalement le résultat d’une série d’évènements dans lesquels le pêcheur et le poisson agissent en tant qu’agents et acteurs sociaux. Tout comme les hommes, les poissons appartiennent à des groupes, en termes de comportement mais aussi de classification sociale. Les poissons, les tortues et les dugongs sont décrits comme des êtres vivants, mais aussi comme des êtres pensants. Plus un poisson est important aux yeux des hommes en termes de nourriture, plus sa capacité intellectuelle (binalabala) semble élevée et plus le pêcheur doit user d’adresse et d’effort pour le capturer. La pêche est donc une forme d’interaction sociale directe entre l’homme et le poisson ».25

         Ce rapport social, c’est encore avec la bonite qu’il s’exprime le mieux. La bonite est un poisson sans écailles dont le sang rouge, contrairement aux autres poissons, rappelle celui des hommes. De plus, les bonites chassent en groupe, de manière très socialisée, s’associant pour faire remonter leur proies près de la surface – et les plaçant par ailleurs à la merci des frégates, oiseaux de grande envergure.
Les bonites arrivent une fois par an dans les eaux de la mer des Salomon, à la poursuite de petits bancs de poissons qui constituent leur alimentation. Les frégates, à la recherche des mêmes proies, ainsi que les requins, qui eux se nourrissent des bonites, participent de cette « frénésie alimentaire »26 donnant lieu à une grande effervescence annuelle. Ce spectacle impressionnant, dans un environnement à la faune habituellement limitée (quelques roussettes et marsouins, en plus des cochons et chiens apportés par les migrants austronésiens) est vu comme une manifestation du pouvoir des esprits. D’autre part, si elle constitue une source alimentaire importante, la bonite à également un comportement imprévisible et peut être dangereuse, en cela qu’elle attire les requins. Ainsi, « les pêcheurs se trouvent, comme les bonites qu’ils poursuivent, dans une situation ambiguë »27, entre la proie et le prédateur. Cette combinaison d’éléments positifs et négatifs rappelle les propriétés qui sont associées à la personnalité des esprits.28
Les frégates, puisqu’elles chassent les mêmes poissons que les bonites, permettent aux pêcheurs, par leur présence au-dessus de l’eau, de localiser au loin les bancs. Leur agressivité et leur piraterie fascinent, car elles doivent une partie de leur alimentation à d’autres oiseaux, qu’elles attaquent et obligent à recracher leur pêche.29 L’analogie qui est faite avec l’agressivité de la chasse aux têtes leur confère à elles aussi des propriétés anthropomorphiques.

        Nous sommes à présent en mesure d’établir que par une série de liens symboliques, capturer une bonite équivaut métaphoriquement à « pêcher » un homme. Nicholas Thomas va plus loin. Pour lui, les actes relatifs à la pêche rituelle – consécration des pirogues avec le sang des bonites, remerciements aux ancêtres après les sorties à succès – ressemblent tant aux interdits observés lors de la chasse aux têtes qu’on peut dire qu’ils les imitent.30

Richesse et splendeur : le spectacle de la chasse aux têtes

        Une expédition de chasse aux têtes pouvait prendre jusqu’à deux semaines pour un voyage complet31, sur des distances allant jusqu’à cent kilomètres32, et demandait un déploiement de force et une organisation considérables. Les guerriers étaient admirés. Dans le lagon de Marovo, une qualité personnelle importante était le varilaku, cette indifférence propre au guerrier qui ne se soucie pas de s’il va vivre ou mourir.33 Aux îles Salomon, malgré l’organisation politique en chefferies concurrentes, la position des puissants dépendait beaucoup de leur mérite34 :

« Les plus renommés n’étaient pas toujours les meilleurs guerriers mais ceux capables d’organiser des chasses aux têtes et de mener à bien des expéditions commerciales. Ils s’enrichissaient, amassant une fortune en colliers de coquillages qu’ils dépensaient pour organiser des fêtes, entretenir des dépendants, construire de nouvelles maisons et pirogues et acheter des prisonniers de guerre. Ces derniers, virtuellement adoptés, devaient néanmoins travailler dans les jardins ou se soumettre à une sorte de prostitution rituelle qui permettait à leur propriétaire d’accumuler35 davantage de monnaies de coquillages. »36

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Ingova’s head-hunters, Norman Hardy, The Savage South Seas. A&C Black Publishers, London 1907, in Howarth & Waite, 2011.

        Ces démonstrations de puissance généraient de somptueuses cérémonies, qui entre autres préparaient ou célébraient les expéditions principales. Les membres du groupe qui n’y participaient pas récompensaient ceux qui revenaient avec « un beau tableau de chasse ou de nombreux esclaves, en dansant et en jetant des coquillages37 de prix sur le sable, tandis que leur pirogue rentrait chargée de butin ».38 La chasse aux têtes, comme d’une certaine manière la pêche à la bonite et son foisonnement d’espèces sauvages, donnait lieu à des manifestations esthétiques de richesse et de puissance.

 « Ces pratiques, en elles-mêmes expressions de splendeur, exigent diverses préparations extraordinaires et il convient de les ranger dans une catégorie distincte des affaires courantes qui fournissent une toile de fond à ces hauts faits aussi sanglants qu’éblouissants. »39

Mettre la puissance des morts au service des vivants

         Parmi les nombreuses sortes d’esprits présents dans la cosmologie des îles Salomon, il convient d’en aborder plusieurs catégories biens distinctes. Tout d’abord, même si les histoires coutumières varient d’une île à l’autre, l’essence du mythe de création des gens et de leurs terres reste le même. Un ancêtre fondateur – « The Absolute Perfect God » aux îles Nggela (Florida), « The Great Outsider » dans la zone du lagon de Roviana – est le premier à avoir apporté la kastom40 à tous les aspects de la vie – pêche, jardinage, guerre, mariage. Après tous ces exploits légendaires, il ne fut plus actif dans le monde des vivants.41 Cela s’est produit il y a si longtemps que ce créateur n’est plus approchable à travers les vénérations, rituels ou sacrifices. Au contraire, l’aide surnaturelle est attendue des défunts ancêtres récents, qui continuent d’entretenir des liens avec leurs proches en tant que fantômes et continuent à s’occuper des affaires des vivants.
Les défunts ancêtres récents se subdivisent eux-mêmes en plusieurs catégories. Les morts « communs », une fois les cérémonies de secondes funérailles terminées, sont autorisés à quitter définitivement le monde des vivants.42 À l’inverse, au premier rang des ancêtres récents se situent des ancêtres exceptionnels, puissants, regroupés sous le « culte de la bonite ».43 On y trouve à la fois les « ancêtres du sang » –  assassinés – et les « esprits de la mer » – à la fois esprits n’ayant jamais eu d’existence humaine et ancêtres nés du sang de grands pêcheurs de bonites, ou hommes et femmes morts violemment, et dont le corps fut jeté ou disparut en mer.
Dans un premier temps peu pratiquée (en tout cas de façon plus anecdotique et opportuniste, et sans endosser le rôle symbolique qu’elle prit par la suite) la pêche des thonidés s’est développée il y a environ six générations (XIXème siècle) avec la mise en place de techniques de navigation plus appropriées. Pêche de haute mer, plus dangereuse que la pêche de récif, elle a pu jouer un rôle dans l’apparition des ancêtres du sang et des esprits de la mer (morts assassinés ou de mort violente), dans leur supplantation des ancêtres du commun, et dans leur association symbolique avec la bonite.44
Contrairement aux défunts du commun, tout est fait pour que les ancêtres du sang continuent à s’intéresser aux vivants, afin que ceux-ci, en s’attirant leur pouvoir (mena) puisse espérer en la réussite de leurs entreprises.
Pour cela, différents intermédiaires spécifiques sont mobilisés. Les humains, à travers les experts en rituel (mwane apuna, les « hommes interdits ») ; les végétaux (cordyline dans la médecine traditionnelle, noix d’arec pour stimuler les transes lors desquelles un défunt investit le corps du mwane apuna, les ignames et amandes de Canarium chargées de mena (pouvoir) et associées aux ancêtres…), les animaux (surtout le cochon et la bonite).45 Enfin, en faisant « référence au surnaturel en même temps qu’ils sont le support des relations avec lui »46 certains objets peuvent également agir en tant que médiateurs.
Ce rôle des artefacts dans les transactions entre les vivants et les morts impliquent que les objets soient sacralisés au terme de pratiques rituelles qui, d’objets profanes, en font des objets adaptés à l’usage en contexte cérémoniel. Ceux-ci sont littéralement « rendus actifs » (en langue owa, « fagamamanu » (activer) et « menaia » (rendre puissant).47 Les pirogues à bonites gai ni waiau, les poteaux de maisons cérémonielles au ni aofa et les bols des hommes apira ni mwane subissent ce traitement.48

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Pirogue à bonite réalisée par Warren Rura, Aorigi, 2001. © Sandra Revolon.

      Un autre moyen d’obliger les morts à rester attentifs à leurs descendants était la conservation des crânes des ancêtres. Les crânes secs avec anneaux de coquillages et ligatures de plantes grimpantes semblent, pour les plus tardifs, être des crânes d’ancêtres ou de chefs notables plutôt que des trophées – on ne peut néanmoins en être certain au regard des manques dans la documentation.
D’autant que la distinction entre « crânes trophées » et « crânes d’ancêtres » est souvent délicate en contexte océanien. D’une part en raison d’un manque de rigueur au moment de leur collecte ou de la collecte d’informations (les crânes collectés durant les expédions coloniales sont souvent présentés comme des trophées sans que cela soit nécessairement le cas), difficulté décuplée par le fait que les pratiques encadrant le soin des crânes ont généralement marqué un arrêt brutal en raison de l’évangélisation des populations. D’autre part, car les limites entre ces deux catégories sont  perméables, le crâne-trophée d’un ennemi puissant pouvant être transformé en celui d’un ancêtre, et inversement, des crânes d’ancêtres appartenant à des groupes ennemis pouvant être dérobés à des fin d’appropriation au cours d’expéditions guerrières, et transformés en trophées.49
De tels crânes étaient gardés dans des sortes de mausolées, appelés hope à Roviana et Marovo, où ils agissaient comme des reliques. Ces lieux étaient des endroits pour communiquer avec les ancêtres de même que des endroits pour les honorer à travers des cultes. Beaucoup de coquillages de valeur et autre objets étaient disposés autour. Lassés sur le crâne, les anneaux de coquillages sont là en tant qu’objets d’abondance. De plus, les ligatures contiennent l’esprit (tomate) du mort, qui peut être dangereux s’il sort, et des sections de coquillages, placées là où se trouvaient les yeux et les oreilles du défunt, permettent à l’esprit de rester en interaction avec le monde des vivants. À côté de ces crânes étaient conservés des objets de valeur ayant appartenu au défunt, dans le but d’attacher le fantôme à son reliquaire.50

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Crâne humain sec orné de coquillage et de lianes, Salomon occidentales, XIXème siècle. © South Australian Museum, Adélaïde.

      Ces reliquaires, enracinant les ancêtres dans le territoire de leur descendants, captant et conservant le pouvoir de ces hommes puissants qui avaient menés des raids victorieux de leur vivant, étaient au centre de pratiques propitiatoires encadrant la chasse aux têtes. En 1908, Arthur Maurice Hocart (1883-1939) fut le premier ethnographe à mener un travail de terrain à Simbo (Salomon occidentales). Il décrit une cérémonie appelée « Les Massues Apparaissent », organisée avant un raid à proximité des mausolées des chefs inatungu (chefs fondateurs d’un clan). Des dons d’objets de valeur et de nourriture étaient effectués, et l’on réclamait l’aide des ancêtres pour l’expédition à venir :

« C’est la massue, ô vous les inatungu. Accordez-moi un ennemi à tuer, et rendez ma massue […] efficace, ô vous esprits. Accordez une victime. […] Allons-y ensemble ».51

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Photographie de reliquaires en forme de huttes miniatures, lagon de Roviana (Nouvelle-Géorgie). © Bishop Museum, Honolulu.

       Les objets liés aux pratiques de la chasse aux têtes et de la pêche à la bonite, en intervenant dans les interactions entre les humains et les entités (naturelles et surnaturelles) qui les entourent, jouent le rôle de médiateurs. Comment ce rôle conditionne-t-il leurs modalités de production ? Au-delà des rituels les consacrant que nous avons brièvement évoqués, ces objets tirent leur efficacité magique de leur matérialité même, c’est-à-dire de leurs formes, leurs couleurs, de la manière dont ils sont fabriqués, bref, tout ce qui fait la réalité physique d’un objet. Les signes qui les composent et les moyens techniques qu’ils mobilisent participent de leur efficacité, et c’est ce que nous aborderont plus en détails la semaine prochaine.

Margot Duband

Image à la une : Vue d’objets des îles Salomon chez un collectionneur, tirage gélation-argentique, Londres, vers 1900.  Reproduction avec l’aimable autorisation d’Anthony Meyer.

1 BENNETT, J. A., 1987. The Wealth of the Solomons. A History of a Pacific Archipelago, 1800-1978. Pacific Islands Monograph Series, 3. Honolulu, University of Hawaii Press, p. 26, p. 45.

2 Edvard HVIDING, E., In REVOLON, S., et MELANDRI, M., (dir.), 2014. L’éclat des Ombres. L’art en noir et blanc des îles Salomon. Paris, Somogy éditions d’art, p. 124.

3 REVOLON, S., et MELANDRI, M., (dir.), 2014. L’éclat des Ombres. L’art en noir et blanc des îles Salomon. Paris, Somogy éditions d’art, p. 11.

4 SHEPPARD, P. In REVOLON, S., et MELANDRI, M., (dir.), 2014. L’éclat des Ombres. L’art en noir et blanc des îles Salomon. Paris, Somogy éditions d’art, pp. 21-24.

5 Originaire des îles d’Asie du Sud-Est, la culture Lapida a commencé son expansion il y a un peu plus de 4000 ans, sur d’immenses espaces d’océan compris entre Hawaï, l’île de Paques, la Nouvelle-Guinée et Madagascar, et est associée dans ces régions au début de la domestication des plantes et des animaux. Un des fossiles directeurs de cette civilisation sont des céramiques à décors élaborés, estampés notamment. L’usage des coquillages fait également partie de la culture matérielle Lapita. La présence de bracelets d’avant bras, mais également d’hameçons et de herminettes en coquillage est attesté sur plusieurs sites archéologiques. Contrairement à la poterie qui s’est limitée au Nord de l’archipel, l’usage des coquillages s’est développé partout dans les Salomon. SHEPPARD, P. In REVOLON, S., et MELANDRI, M., (dir.), 2014. L’éclat des Ombres. L’art en noir et blanc des îles Salomon. Paris, Somogy éditions d’art, p. 22.

6 WAITE, D., et CONRU, K., 2008. Trésors des îles Salomon : la collection Conru. Milan, cinq continents.

7 DAVENPORT, W. H., 1968. « Sculpture of the Eastern Solomon Islands ». Expedition, 10 (2), pp. 4-25.

8 DAVENPORT, W. H.,1981. « Male initiation in Aokiri. Man and the Spirits in the Eastern Solomons », Expedition, 23 (2), p. 5.

9 REVOLON, S., et MELANDRI, M., (dir.), 2014. L’éclat des Ombres. L’art en noir et blanc des îles Salomon. Paris, Somogy éditions d’art, p. 149.

10 SCOTT, M. W., In REVOLON, S., et MELANDRI, M., (dir.), 2014. L’éclat des Ombres. L’art en noir et blanc des îles Salomon. Paris, Somogy éditions d’art, p. 165.

11 WAITE, D., 1983. Art des îles Salomon dans les collections du musée Barbier-Müller [trad. de l’anglais par Monique Barbier-Müller]. Genève,  éditions du musée Barbier-Müeller.

12 La chasse aux têtes est un terme générique désignant un ensemble de pratiques diverses et pas toujours comparables, attestées à différents endroits du globe et à différentes époques. Elle n’est pas automatiquement associée au cannibalisme (là encore, plusieurs acceptation du terme, voir à ce sujet Martine chez les cannibales), et le mot “chasse” peut prêter à confusion puisqu’il s’agit en l’espèce d’une pratique exceptionnelle, codifiée et à ritualisée. Une hypothèse couramment acceptée est de lier la chasse aux têtes à la fertilité, à un transfert de force procréatrice de la victime à la communauté chasseresse. Cette interprétation a cependant été beaucoup critiquée puisque, en contexte mélanésien du moins, la relation entre chasse aux têtes et fertilité n’est jamais exprimée en ces termes par ceux qui la pratiquent. Une interprétation plus récente envisage la violence comme une modalité d’échange à part entière, au même titre par exemple que les échanges commerciaux. Elle est question de pouvoir et d’identité d’un groupe par rapports aux autres groupes. (COIFFIER, C., et GUERREIRO, A., 1999. « La chasse aux têtes, une dette de vie ». In COLLECTIF, La Mort n’en saura rien : reliques d’Europe et d’Océanie. Paris, Réunion des Musées Nationaux, p. 48.) De toute évidence, la multiplicité des contextes dans lesquels s’est développée cette pratique interdit d’y apporter des réponses trop englobantes.

13 HOWARTH, C., et WAITE, D., 2011. Varilaku. Pacifics arts from the Solomon Islands. Canberra, National Gallery of Australia, p. 20.

14 À Roviana (sud de la Nouvelle-Géorgie) “l’apparition de la forme moderne du reliquaire recevant les crânes des défunts et celle des objets de valeurs en coquillages déposés dessus sont liées à la construction d’un grand fort ayant servi de base aux chasseurs de tête de Roviana”. SHEPPARD, P. In REVOLON, S., et MELANDRI, M., (dir.), 2014. L’éclat des Ombres. L’art en noir et blanc des îles Salomon. Paris, Somogy éditions d’art, p. 25.

15 HOWARTH, C., et WAITE, D., 2011. Varilaku. Pacifics arts from the Solomon Islands. Canberra, National Gallery of Australia. Loc. Cit.

16 BARRAUD, C., 1972. « De la chasse aux têtes à la pêche à la bonite. Essai sur la chefferie à Eddystone ». L’Homme, tome 12, n°1, p. 78.

17 HOWARTH, C., et WAITE, D., 2011. Varilaku. Pacifics arts from the Solomon Islands. Canberra, National Gallery of Australia, p. 25.

18Ibid, p. 76.

19Ibid, p. 79-80.

20Ibid, p. 81.

21 BARRAUD, C., 1972. « De la chasse aux têtes à la pêche à la bonite. Essai sur la chefferie à Eddystone ». L’Homme, tome 12, n°1, pp. 64-104. Loc. Cit.

22Ibid, p. 82.

23  Ibid, p.  83.

24 En cela que, comme c’est généralement le cas en Océanie, hommes et animaux ne sont pas nécessairement opposés du point de vu conceptuel. Au contraire, ils constituent tous, et au même titre, des êtres sociaux. Voir à ce sujet renvoi à l’article d’Alice sur le tournant ontologique.

25 HVIDING, E., 1996. Guardians of the Marovo Lagoon. Practice, Place and Politics in Maritime Melanesia. Pacific Islands Monograph Series, 14. Honolulu, University of Hawaii Press, pp. 198- 200. La traduction française provient de WAITE, D., et CONRU, K., 2008. Trésors des îles Salomon : la collection Conru. Milan, cinq continents.

26 SCOTT., M. W., In REVOLON, S., et MELANDRI, M., (dir.), 2014. L’éclat des Ombres. L’art en noir et blanc des îles Salomon. Paris, Somogy éditions d’art, p. 168.

27 REVOLON, S., et MELANDRI, M., (dir.), 2014. L’éclat des Ombres. L’art en noir et blanc des îles Salomon.Paris, Somogy éditions d’art. Loc. Cit.

28 WAITE, D., 1983. Art des îles Salomon dans les collections du musée Barbier-Müller [trad. de l’anglais par Monique Barbier-Müller]. Genève,  éditions du musée Barbier-Müeller.

29 THOMAS, N., 1995. L’Art de l’Océanie. Londres, Thames & Hudson, pp. 91-92.

30Ibid.

31 HOWARTH, C., et WAITE, D., 2011. Varilaku. Pacifics arts from the Solomon Islands. Canberra, National Gallery of Australia, p. 20.

32 Edvard HVIDING, E. In REVOLON, S., et MELANDRI, M., (dir.), 2014. L’éclat des Ombres. L’art en noir et blanc des îles Salomon. Paris, Somogy éditions d’art, p. 125.

33 HOWARTH, C., et WAITE, D., 2011. Varilaku. Pacifics arts from the Solomon Islands. Canberra, National Gallery of Australia, p. 20, p. 22.

34 Le système des Bigmen est effectif aux îles Salomon.

35 Notons que le but de cette accumulation n’est pas la thésaurisation mais bien toujours plus de dépenses. Le Bigman, acquérant du prestige par la redistribution, n’est jamais monétairement riche.

36 THOMAS, N., 1995. L’Art de l’Océanie. Londres, Thames & Hudson, pp. 88-89.

37 Les coquillages font partie d’un complexe système de monnaies à différentes valeurs, voir : COPPET, D., de, 1998. « Du « corps » pour l’occident à la « monnaie » ‘aré’aré. La transfiguration monétaire des relations « socio-cosmiques » aux îles Salomon ». In GODELIER, M., et PANOFF, M., La production du corps. Approches anthropologiques et historiques. Amsterdam, Les Editions des archives contemporaines, pp. 141-161.

38 THOMAS, N., 1995. L’Art de l’Océanie. Londres, Thames & Hudson, p. 91.

39 Ibid, p. 94.

40 « Ce concept regroupe les parts matérielles et immatérielles, visibles et invisibles de la culture précoloniale […] mais insiste aussi sur sa fluidité, c’est-à-dire sa capacité à évoluer avec le monde contemporain. » In KREIDL, M., et NYSSEN, G., 2018. « Le Centre Culturel du Vanuatu – Petite visite dans une grande maison de réunion », CASOAR. https://casoar.org/2018/09/26/le-centre-culturel-du-vanuatu-petite-visite-dans-une-grande-maison-de-reunion/

41 HOWARTH, C., et WAITE, D., 2011. Varilaku. Pacifics arts from the Solomon Islands. Canberra, National Gallery of Australia, p. 17.

42 REVOLON, S., 2007a. « The Dead are looking at us. Place and role of the apira ni farunga (ceremonial bowls) in post-funeral wakes in Aorigi (Estern Solomon Islands) ». JSO, 124, vol. 1, pp. 59-66.

43 REVOLON, S., 2012. « L’éclat des ombres ». Objets irremplaçables, Techniques et Culture, 58, pp. 252-263.

44 DAVENPORT, 1968, pp. 22-23. Cité dans REVOLON, S., 2007b. « Sacrés curios. Du statut changeant des objets dans une société mélanésienne (Aorigi, à l’est des îles Salomon)». Gradhiva, 6, pp. 58-69.

45 REVOLON, S., 2006. « « Les esprits aiment ce qui est beau » ; Forme, sens et efficacité rituelle des sculptures owa (Est des îles Salomon) ». Annales de la fondation Fyssen, 21, pp. 64-65.

46 LÉVI-STRAUSS in CHARBONNIER, 1969. Cité dans REVOLON, S., 2006. « « Les esprits aiment ce qui est beau » ; Forme, sens et efficacité rituelle des sculptures owa (Est des îles Salomon) ». Annales de la fondation Fyssen, 21, pp. 62 -73.

47 REVOLON, S., et MELANDRI, M., (dir.), 2014. L’éclat des Ombres. L’art en noir et blanc des îles Salomon. Paris, Somogy éditions d’art, p. 150.

48 REVOLON, S., 2006. « « Les esprits aiment ce qui est beau » ; Forme, sens et efficacité rituelle des sculptures owa (Est des îles Salomon) ». Annales de la fondation Fyssen, 21, p. 66.

49 COIFFIER, C., et GUERREIRO, A., 1999. « La chasse aux têtes, une dette de vie ». In COLLECTIF, La Mort n’en saura rien : reliques d’Europe et d’Océanie. Paris, Réunion des Musées Nationaux, p. 35.

50 HOWARTH, C., et WAITE, D., 2011. Varilaku. Pacifics arts from the Solomon Islands. Canberra, National Gallery of Australia, p. 18.

51 HOCART, 1931, p. 308. Cité par Tim Thomas In  REVOLON, S., et MELANDRI, M., (dir.), 2014. L’éclat des Ombres. L’art en noir et blanc des îles Salomon. Paris, Somogy éditions d’art, p. 180.

Bibliographie :

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  • CHARBONNIER, G., 1969. Entretiens avec C. Lévi-Strauss. Paris, Presses Pocket.
  • COIFFIER, C., et GUERREIRO, A., 1999. « La chasse aux têtes, une dette de vie ». In COLLECTIF, La Mort n’en saura rien : reliques d’Europe et d’Océanie. Paris, Réunion des Musées Nationaux, pp. 30-48.
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  • REVOLON, S., 2003. De l’objet sacré à l’objet commercial : la production esthétique comme support de la tradition à l’Est des îles Salomon (Océanie). Paris, EHESS.
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  • THOMAS, N., 1995. L’Art de l’Océanie. Londres, Thames & Hudson.
  • WAITE, D., 1983. Art des îles Salomon dans les collections du musée Barbier-Müller [trad. de l’anglais par Monique Barbier-Müller]. Genève,  éditions du musée Barbier-Müeller.
  • WAITE, D., et CONRU, K., 2008. Trésors des îles Salomon : la collection Conru. Milan, cinq continents.

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