0 Commentaire

Louise Michel et les Kanaks (2/2) – écrire la légende et faire converger les luttes

Après l’écrasement de la Commune insurrectionnelle de Paris, 4500 Communards sont déportés en Nouvelle-Calédonie, dont 25 femmes.1 Parmi elles, Louise Michel, sur qui pèsent sept chefs d’accusation : « 1 – attentat ayant pour but de changer le gouvernement ; 2 – excitation à la guerre civile ; 3 – port d’armes apparentes et d’uniforme militaire ; usage de ses armes ; 4 – faux en écriture ; 5 – usage de faux ; 6 – complicité, par provocation et machination, d’assassinat de personnes retenues, soi-disant, comme otages par la Commune ; 7 – complicité d’arrestations illégales, suivies de tortures et de mort »2 (le Conseil de guerre ne retiendra cependant que la charge numéro 3). En août 1873, après vingt mois passés à la prison de l’Abbaye d’Auberive (Haute-Marne), elle est embarquée à destination de la Nouvelle-Calédonie. Au cours des quatre mois que dure le voyage, Louise Michel, jusqu’alors socialiste blanquiste3, est convertie aux thèses anarchistes4 par Nathalie Lemel (1827-1921)5, autre grande figure de la Commune de Paris. Le 14 décembre 1873, elles sont débarquées à la presqu’île Ducos, dédiée à la déportation en enceinte fortifiée, où elles partageront la même cabane. Voir plus

0 Commentaire

La Récolte de Tara June Winch : une langue pour se raconter

« Les royaumes sans la justice ne sont que des entreprises de brigandage ».

La citation de Saint-Augustin sur laquelle s’ouvre La Récolte (The Yield), lauréat du Miles Franklin Award1 2020, averti efficacement sur le contenu de l’ouvrage: l’histoire d’un brigandage d’état dont les pouvoirs religieux et économiques se sont rendus complices. Il y sera question de terres volées, de ressources pillées, d’enfants enlevés, de mémoires confisquées et de langues tues.

Voir plus

1 Commentaire

Ten Canoes : entre reconstitution historique, mythes et fiction

*Switch language to english for english version of the article*

[Please note: Aboriginal and Torres Strait Islander people should be aware that this article may contain images or names of deceased persons in photographs or printed material.]

Ten Canoes (10 canoës, 150 lances et 3 épouses) est un film sur la Terre d’Arnhem et ses habitants, fait avec eux et en partie par eux et pour eux. C’est aussi un film ambassadeur de la culture aborigène, destiné donc également à un public extérieur à cette culture. C’est une histoire d’amours interdits, de liens fraternels, de kidnapping, de sorcellerie et de vengeance, traitée avec poésie et humour. Bref, c’est une œuvre riche que CASOAR vous recommande à plus d’un titre ! Voir plus

0 Commentaire

Les « phantomatiques » boucliers de la Wahgi – Troisième partie

Pratique en passe d’appartenir définitivement au passé à la fin des années 19701, la production des grands boucliers de guerre de la Wahgi est un exemple probant de tradition vivante et dynamique. Les changements techniques, sociaux, l’introduction de nouveaux biens de consommations et de nouveaux loisirs eurent des répercutions fortes sur le design des boucliers en tant que moyen de communication et sur les choix esthétiques opérés. Cela ne témoigne pas seulement de l’arrivée de ces nouvelles illustrations dans l’univers visuel de la Wahgi au cours de la seconde moitié du XXème siècle. Voir plus

0 Commentaire

Les « phantomatiques » boucliers de la Wahgi – Deuxième partie

Presque cinquante ans après que les guerriers du Mont Hagen ont détruit leurs armes par le feu1, la vallée de la Wahgi, dans les Hautes-Terres orientales de Nouvelle-Guinée, voit le nouvel essor des boucliers de guerre qui avaient quasiment cessé d’être construits ou avaient été saisis par les policiers.2 Nous sommes au milieu des années 1980. La région est le théâtre de violents conflits locaux3 qui encouragent la reprise de la production, avec parfois des changements révélateurs dans leur réalisation : Voir plus

commentaires

Les « phantomatiques » boucliers de la Wahgi – Première partie

Etonnant bouclier que celui acquis il y trois ans par le musée des Confluences de Lyon dans le cadre de l’exposition Hugo Pratt – Lignes d’Horizons1 (dont CASOAR à fait une revue ici). Si son iconographie renvoie aux comic books américains, à travers la figure du superhéros The Phantom, la plaque minéralogique fixée à sa base et estampillée « PNG » donne une indication sur sa provenance réelle. Peut-être un œil averti identifiera-t-il sa forme allongée et les liens croisés en son centre, caractéristiques des grands boucliers de guerre de la vallée de la Wahgi.

Voir plus

0 Commentaire

Évoquer et invoquer le surnaturel – les objets de la chasse aux têtes et de la pêche à la bonite (Partie 3)

       Contrastés, brillants, éblouissants, faisant référence à des entités surnaturelles tout en s’inspirant des formes de la nature et des propriétés du vivant, capables de convoquer les morts, capables tour à tour de plaire aux hommes ou de les inquiéter, les objets de la chasse aux têtes et de la pêche à la bonite totalisent à eux seuls un nombre vertigineux de notions. Ils se trouvent au croisement de composantes majeures des champs du social : la sphère politique, la sphère religieuse, la sphère économique. Ils sont donc prompts à se transformer lorsque les champs du social eux-mêmes sont réorganisés. C’est leur adéquation avec la société qui « [autorise] les humains à produire des actions efficaces sur le monde ».1 Voir plus

0 Commentaire

Évoquer et invoquer le surnaturel – les objets de la chasse aux têtes et de la pêche à la bonite (partie 2)

      La semaine dernière nous vous proposions d’envisager les passerelles et similitudes symboliques existant entre la chasse aux têtes et la pêche à la bonite, deux activités qui étaient (et est toujours en ce qui concerne la pêche à la bonite) déployées en mer à l’ouest et au sud-est de l’archipel des Salomon. Ces activités ont donné lieu à la production de nombreux objets et images constituant un ensemble formel cohérent, notamment en raison de l’emploi, dans leur fabrication, de dispositifs techniques et visuels communs aux Salomon occidentales et orientales. Voir plus

0 Commentaire

Évoquer et invoquer le surnaturel – les objets de la chasse aux têtes et de la pêche à la bonite (Partie 1)

       Facilement identifiables visuellement, les sculptures de bois noir décorées de motifs blancs produites dans l’archipel des Salomon (à l’exception des îles les plus au nord), leur iconographie récurrente, les êtres hybrides qu’elles représentent, ont pour ainsi dire tapé dans l’œil des arrivants occidentaux. Au-delà de leurs qualités esthétiques, c’est l’imaginaire qu’elles convoquent, évocateur d’un archipel associé à l’aube du XXème siècle à une vision fantasmée du cannibalisme, qui participe à la popularité des pièces salomonaises auprès du public occidental. Voir plus