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À la poursuite d’Hugo Pratt : J’avais un rendez-vous

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L’achat de J’avais un rendez-vous, déniché par hasard au détour de l’excellente librairie Flagey de bandes dessinées à Bruxelles, a été l’affaire d’une seconde seulement. Bien que n’ayant pas encore lu la série Corto Maltese (j’ai bien conscience qu’il s’agit d’une aberration, c’est comme si une amatrice de cinéma n’avait jamais vu un seul film de Quentin Tarantino), la qualité des aquarelles de la couverture me laissait présager de très belles surprises à l’intérieur, et, peut-être, la promesse du coup de pied nécessaire pour me décider à lire les aventures d’un des plus célèbres marins du neuvième art. Voir plus

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Cannibale, entre travail d’historien et récit de fiction pour lutter contre l’oubli

En 1998, année même de la signature des accords de Nouméa1 était publiée la première édition de l’ouvrage Cannibale de Didier Daeninckx. Ceci n’est pas anodin car cette publication voit le jour à la suite d’un séjour d’un an de l’auteur en Nouvelle-Calédonie, à un moment où les revendications indépendantistes, opposées à ceux qui soutiennent la présence du gouvernement français sur le territoire, créent un climat de violence politique. Pendant ce séjour, il pose des questions, il observe la situation politique, il se renseigne par des sources écrites autant qu’orales sur la période coloniale et ses conséquences en Nouvelle-Calédonie. Il en ressort une histoire, une histoire oubliée et méconnue, celle des Kanak exhibés dans le bois de Vincennes lors de l’Exposition coloniale de 1931, histoire sombre de Kanak échangés comme des objets ou des animaux contre des crocodiles et envoyés sans leur consentement dans un cirque allemand.

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R’Sis- L’Tié- Let-Pol : le « sauvage blanc » d’Australie

Lorsque deux hommes n’ayant pas de langue commune se rencontrent, que se disent-ils avant tout ? Leur nom. Je l’avais constaté en Islande comme dans le Pacifique. Je mis la main sur mon cœur – geste cérémonieux que j’espérai universel – et dis :
« Octave de Vallombrun. »
Il fit le même geste – là encore, une attitude en miroir de la mienne qu’il n’avait pas eue auparavant – et répéta :
« R’sis- L’tié- Let-Pol. »
S’il se présentait ainsi en insistant sur les deux premiers termes, cela pouvait-il être son nom et son prénom ? J’essayai :
« Narcisse ?
– R’sis ! »
Sa joie était visible, mais les mots se refusaient à sa mémoire et il en avait les larmes aux yeux. J’insistai donc :
« Narcisse ? C’est bien cela, mon garçon ? Tu t’appelles Narcisse ?
– R’sis », confirma-t-il en posant la main sur son cœur.
Nous restâmes alors muets, émus tous deux de ce premier contact. Je le fixai sans cesse, comme si son visage allait me révéler le secret de son existence.1

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Segalen et « Les Immémoriaux », entre exotisme et ethnologie

« Je t’ai dit avoir été heureux sous les tropiques, c’est violemment vrai. Pendant deux ans en Polynésie, j’ai mal dormi, de joie. J’ai eu des réveils à pleurer d’ivresse du jour qui montait. Les dieux du jouir, savent seuls, combien le réveil est annonciateur du jour et révélateur du bonheur continu que ne dose pas le jour. J’ai senti de l’allégresse couler dans mes muscles. J’ai pensé avec jouissance. J’ai découvert Nietzsche. Je tenais mon œuvre, j’étais libre, convalescent, frais et sensuellement assez bien entraîné. J’avais de petits départs, de petits déchirements, de grandes retrouvées fondantes. Toute l’île venait à moi, comme une femme. Et j’avais précisément, de la femme là-bas, des dons que les pays complets ne donnent plus. Outre la classique épouse maorie dont la peau est douce et fraîche, les cheveux lisses, la bouche musclée, j’ai connu des caresses et des rendez-vous, et des libertés qui ne demandaient pas autre chose que la voix, les yeux, la bouche et de jolis mots d’enfant. À Tahiti donc, j’ai sans geste précis connu des heures nocturnes radieusement belles. Les parfums s’y mêlaient sans doute, mais je sais fermement pourquoi j’y fût heureux. Je sais aussi que lorsque j’y retournerai pour vivre et y écrire mon maître du jouir, j’y retrouverai sous des espèces nouvelles, oh, pas de passion personnelle, d’analogue moment, ou bien je ne serais pas digne de sentir et de vivre. »
Extrait de lettre de Victor Segalen à son ami Henry Manceron, 24 décembre 1911.1 Voir plus

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Jack London dans les mers du Sud : le Pacifique débarque à Marseille !

        L’exposition qui se tient au centre de la vieille charité à Marseille du 8 septembre 2017 au 7 janvier 2018 est une collaboration entre le Musée d’Arts Africains, Océaniens et Amérindiens de Marseille (MAAOA) et la Compagnie des Indes, qui entendent faire « revivre le souffre de l’aventure maritime et la magie des rencontres ».1 Voir plus