En 2016, alors que le Disney Vaiana, la Légende du Bout du Monde culminait au box-office français, sortait plus discrètement À La Poursuite de Ricky Baker1 , du réalisateur néo-zélandais alors peu connu Taika Waititi. Si le nouveau-né du géant américain a le mérite de transcrire l’attachement à la mer des Polynésiens, la comédie déjantée de Taika Waititi ancre son récit dans les terres, au cœur de la forêt primaire néo-zélandaise. Cette pépite, librement adaptée du roman de Barry Crump, Wild Pork and Watercress paru en 1985 lançait la carrière de son réalisateur à l’international, et se hissait parmi les références du cinéma néo-zélandais. Avec son ton doux-amer, cette comédie déjantée nous ramène aux racines de la culture Māori et questionne tout en subtilité les inégalités qui marquent l’archipel. Voir plus
Existe-t-il une créature répondant au nom de « culture traditionnelle » ? *
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Ainsi que l’explique Sean Mallon dans son désormais célèbre article Against Tradition (Contre la Tradition) (2010), l’histoire a commencé avec l’écrivain samoan Albert Wendt. Wendt a commencé la discussion autour du mot « tradition » et de son usage dans les années 1970. Mais le débat à proprement parler a vraiment pris de l’ampleur dans les années 90 lorsque Wendt était membre du Comité Consultatif Pacifique pour la création du musée Te Papa Tongarewa, Wellington, Nouvelle-Zélande. Wendt fait alors une demande très simple : il demande l’abandon du terme « art traditionnel »1 dans le musée à venir. Mais pourquoi ?
Rompre avec la colonialité : voir et entre-voir
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Je ne suis pas une fa’afafine, je ne suis pas gay, je ne suis pas transgenre, je suis juste un être humain et je suis ici pour secouer ».1
Voici les mots de Tuisina Ymania Brown lors d’une table-ronde intitulée « Fa’afafine vers la décolonisation ». Elle se réfère ici au désir occidental de catégoriser les être humains et les identités. Face à cette volonté occidentale, nous allons cette semaine aborder une série de photographies de l’artiste Yuki Kihara. La série Fa’afafine. In the Manner of Women comprenant trois autoportraits est réalisée avec la collaboration du photographe Sean Coyle. Mais qui est Yuki Kihara ? Voir plus
Waka huia : de fascinantes boîtes à plumes maories
Parmi les nombreux objets collectés en Nouvelle-Zélande par le capitaine Cook lors de ses trois voyages1 au XVIIIe siècle se trouvent plusieurs fascinantes boîtes à plumes, ou waka huia, qui ont tôt fait d’attiser la curiosité des Européens. Si ces boîtes sont très bien représentées dans les institutions et galeries européennes, ce n’est rien comparé à la place qu’elles occupent dans les musées néo-zélandais. A Wellington, le musée Te Papa Tongarewa en compte à lui seul plus d’une centaine dans ses collections, soulignant de fait l’importance de ces objets pour les Maoris. Retour sur l’étymologie de ces boîtes à plumes maories. Voir plus
George Nuku : Message in a Bottle
Fin du XVème siècle :
Les Occidentaux « découvrent » l’Amérique. Ce Nouveau Monde devient celui de tous les fantasmes. Les récits des marins et autres chanceux partis à sa rencontre alimentent un nouvel imaginaire. Celui-ci décrit un monde riche et fertile. Mais il est aussi peuplé d’individus dont on questionne l’humanité et d’étranges chimères aux yeux du Vieux Monde.
The Pā Boys
Aujourd’hui, parlons cinéma !
La société des Océanistes a récemment eu l’excellente idée, dans le cadre des différentes manifestations au musée du quai Branly – Jacques Chirac autour de la très belle exposition Océanie, de diffuser le film The Pā Boys dans la salle de cinéma du musée. La projection était accompagnée par une intervention du réalisateur, Himiona Grace. Voir plus
Tā Moko : l’art du marquage Māori s’expose à Canberra
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Je souhaite remercier Crispin Howarth pour le temps qu’il a pris pour répondre à ces questions et sa volonté à toujours partager ses connaissances.
Conservateur des collections Océanie depuis 2007 à la National Gallery of Australia, Crispin Howarth a été commissaire de nombreuses expositions tout au long de ces douze dernières années. Crispin Howarth est né sur la péninsule de Wirral au Royaume Uni, l’endroit même où son intérêt pour les arts et cultures du Pacifique a grandi : visites du Liverpool Museum (aujourd’hui World Museum) mais aussi de galeries d’antiquaires qui ont pris le temps de partager leurs connaissances sur des objets du Tibet, d’Afrique, de Polynésie ou encore d’Australie. Crispin Howarth déménage plus tard en Australie afin de se rapprocher de sa région de prédilection, la Mélanésie. Māori Markings : Tā Moko est la cinquième exposition qu’il réalise pour la National Gallery. Elle a ouvert le 23 mars et sera ouverte jusqu’au 25 août 2019. Voir plus
Moa & Cie : drôles d’oiseaux disparus du Pacifique (Partie 1)
Sur une photographie aujourd’hui célèbre, un homme au visage émacié, vêtu d’une toge universitaire et d’une curieuse écharpe à pompons, pose fièrement. Sa main non gantée repose en un geste propriétaire sur le squelette d’un animal sans ailes haut de trois mètres. Cet homme à l’air peu commode, c’est Richard Owen, un paléontologue britannique du XIXème siècle, célèbre, entre autres choses, pour avoir inventé le mot « dinosaure ». Il pose ici aux côtés du squelette d’un moa, un oiseau endémique à la Nouvelle-Zélande, éteint avant l’arrivée des Occidentaux.
Le Hei Tiki, porteur de mémoire
« Toku hei tiki pounamu
Toku mantunga
Mon tiki de jade, pendentif
Mon précieux souvenir»1 Voici les mots choisis par l’artiste contemporain maori George Nuku pour ouvrir une notice sur le hei tiki du musée du quai Branly – Jacques Chirac. Voir plus
La pêche à la nacre dans la culture maori
Les enfants que nous avons été ou sommes toujours se souviennent certainement de la beauté saisissante de la nacre habitant les coquillages de nos plages, lors des chasses rituelles qui ne manquaient jamais d’advenir lors de vacances à la mer. Rose, verte, blanche lunaire ou opaline, cette nacre est toujours synonyme d’une iridescence qui attire le regard lorsqu’on l’aperçoit du coin de l’oeil. Cette nacre européenne est pourtant bien pâle en comparaison de la nacre bleue prisée par les habitants d’Aotearoa, les biens connus Maori de Nouvelle-Zélande. Voir plus