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Une « Voix » refusée aux populations autochtones d’Australie : pourquoi et comment ?

« En 1967, nous avons été comptés, en 2017, nous cherchons à être entendus. »

En 1770, le capitaine Cook déclare l’Australie Terra Nullius (« territoire sans maître ») après avoir atteint Botany Bay à Sydney le 26 avril et en fait un nouveau territoire de la Couronne britannique qui est devenu par la suite une colonie pénitentiaire. Le 18 janvier 1788, la première flotte arrive à Sydney Cove avec les premiers bagnards. Depuis lors, l’Australie vit avec le mensonge d’une terre vide, malgré les 65 000 ans de présence continue des Australiens aborigènes et des insulaires du détroit de Torres. En 1962, le droit de vote a été accordé aux aborigènes et aux insulaires du détroit de Torres, mais le vote n’était pas obligatoire. Toutefois, le droit de vote n’a été pleinement accordé au niveau fédéral qu’en 1984, lorsque les autochtones d’Australie ont dû s’inscrire sur les listes électorales. En 1963, les Yirrkala Bark Petitions (littéralement, pétitions sur écorce de Yirrkala) sont présentées au parlement. C’est l’une des premières fois que les Aborigènes présentent un document pour la reconnaissance de leurs terres. Voir plus

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Le SaVĀge K’lub à Birmingham : actiVĀtion, présences et performances

Jeudi 20 septembre 2022, arrivées à Birmingham sous la pluie, nous entrons dans le Birmingham Museum & Art Gallery (BMAG) pour nous abriter mais surtout pour aller voir la dernière occurrence du SaVĀge K’lub, raison de notre venue. Ce K’lub a été créé à l’occasion du Fierce Festival et plus particulièrement du programme Healing Gardens of Bab (Les Jardins de la Guérison de Bab – faisant référence aux jardins suspendus de Babylone) qui “est une réponse artistique à [l’]histoire coloniale [célébrant] ce que l’Empire [britannique] a tenté (et échoué) d’éradiquer”.1 Healing Gardens of Bab est un espace de “célébration queer” où “des performances, des événements et des oeuvres d’art […] renforcent l’expression de l’homosexualité dans le monde, par le biais de spectacles joyeux et d’événements participatifs.”2 C’est au sein de cet espace que Rosanna Raymond et Jaimie Waititi présentent la SaVĀge K’lubroom inaugurale de Birmingham. Voir plus

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Le Humboldt Forum est-il vraiment si catastrophique ?

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Vendredi 26 novembre 2021. Je suis à Berlin (Allemagne) pour un voyage de recherche lié à mon projet de thèse et le premier endroit que je vais visiter est le Humboldt Forum : le musée nouvellement construit et ouvert au centre de Berlin, sur l’île des musées. Depuis des mois, je suivais l’affaire de la réouverture du Humboldt Forum qui avait pour sûr fait du bruit dans le monde des musées et qui a été, depuis le projet de sa création, un projet très controversé. Voir plus

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L’intimité d’un lien entre le muséum du Havre et les communautés Aborigènes d’Australie

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Australie/Le Havre – L’intimité d’un lien exposée actuellement et jusqu’au 7 novembre 2021, au Muséum d’histoire naturelle du Havre, revient sur une expédition scientifique incontournable dans l’histoire de la découverte occidentale du Pacifique. À l’aube du XIXème siècle, ce voyage mène 200 hommes, embarqués sur deux navires – le Géographe et le Naturaliste – sous l’autorité du commandant Nicolas Baudin, jusqu’en Nouvelle-Hollande (actuelle Australie). Parmi eux, deux dessinateurs : Charles-Alexandre Lesueur et Nicolas-Martin Petit, dont l’Œuvre est aujourd’hui conservée au Muséum du Havre. C’est ainsi que l’institution endosse aujourd’hui la responsabilité de transmettre et partager ce témoignage unique et ancien de la biodiversité australienne et des cultures aborigènes. Ce lien, qui relie la ville portuaire à l’Australie est bien celui mis en avant à l’occasion de cette exposition, dans une double perspective historique et contemporaine. Voir plus

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Le voyage autour du monde de George Nuku fait escale à Rochefort

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Je suis venu en France avec l’intention de poursuivre l’histoire.
D’une certaine manière, je sors littéralement des lithographies.
Je sors de l’image et je répète l’histoire ici à Rochefort.
Cependant, la différence est que maintenant le contexte a changé parce que tout cela fait partie de l’Histoire. Donc c’est au musée que le contexte se poursuit.1

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Ten Canoes : entre reconstitution historique, mythes et fiction

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[Please note: Aboriginal and Torres Strait Islander people should be aware that this article may contain images or names of deceased persons in photographs or printed material.]

Ten Canoes (10 canoës, 150 lances et 3 épouses) est un film sur la Terre d’Arnhem et ses habitants, fait avec eux et en partie par eux et pour eux. C’est aussi un film ambassadeur de la culture aborigène, destiné donc également à un public extérieur à cette culture. C’est une histoire d’amours interdits, de liens fraternels, de kidnapping, de sorcellerie et de vengeance, traitée avec poésie et humour. Bref, c’est une œuvre riche que CASOAR vous recommande à plus d’un titre ! Voir plus

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De Blandowski à Andrew : l’histoire d’une encyclopédie

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Le « tournant archivistique », qui interroge la nature et la pertinence de la relation entre les archives et l’histoire, se développa dans les années 1990 dans l’art contemporain en Australie1  à travers le travail d’artistes basé sur des archives muséales, des archives de bibliothèque mais aussi des archives à proprement parler. Un des artistes les plus influents dans ce « nouveau » mouvement de re-lecture des archives est Brook Andrew, l’ « artiste conceptuel »2 d’origine celte et wirardjuri (Nouvelle-Galles du Sud, Australie). Brook Andrew peut être considéré comme un « médiateur archivistique »3  qui « recrée et produit un commentaire sur des objets ethnographiques et anthropologiques ».4 C’est à son œuvre The Island (L’île), créée en 2007-2008 à Cambridge, que nous allons nous intéresser. Voir plus

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« Visual repatriation » : déterminer un présent pour le passé

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        Comme l’affirme Elizabeth Edwards, « la visual repatriation consiste, à bien des égards, à déterminer un présent pour les photographies historiques, en réalisant leur « potentiel à créer de nouveaux récits » qui permettent de comprendre combien ce passé est pertinent pour le présent et de répondre aux besoins de ce présent. »1 Edwards explique que la visual repatriation – terme anglais consacré qui se traduirait en français par « rapatriement visuel » – est tout d’abord un moyen pour les autochtones comme pour les détenteurs de collections, de faire la lumière sur un des groupes de photographies, généralement prises aux XIXème et XXème siècles, mais aussi d’obtenir des renseignements sur ces photographies. Plus important encore, on peut considérer que la visual repatriation est un moyen de créer des récits qui permettent de créer un pont entre le passé et le présent. Voir plus

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« Et une fois de plus, Viot repart pour les Tropiques » *

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Cet article a été écrit pour le catalogue de la troisième édition du Bourgogne Tribal Show, 2018.

      « Poète sans maison d’édition ni travail »1, Jacques Viot entre dans la sphère des galeries parisiennes et, plus particulièrement, du milieu surréaliste dans les années 20. Il représente alors des artistes comme Joan Miró. Mais après avoir travaillé pour plusieurs artistes et galeries et à force de dettes, Viot prend la mer pour rejoindre le Pacifique en 1926. De retour à Paris en 1928, Viot recontacte Pierre Loeb – galeriste parisien depuis 1924 – avec qui il avait travaillé avant son départ et lui propose de partir dans les mers du sud à son compte afin de rapporter des objets alors en vogue, notamment chez les surréalistes. Voir plus

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R’Sis- L’Tié- Let-Pol : le « sauvage blanc » d’Australie

Lorsque deux hommes n’ayant pas de langue commune se rencontrent, que se disent-ils avant tout ? Leur nom. Je l’avais constaté en Islande comme dans le Pacifique. Je mis la main sur mon cœur – geste cérémonieux que j’espérai universel – et dis :
« Octave de Vallombrun. »
Il fit le même geste – là encore, une attitude en miroir de la mienne qu’il n’avait pas eue auparavant – et répéta :
« R’sis- L’tié- Let-Pol. »
S’il se présentait ainsi en insistant sur les deux premiers termes, cela pouvait-il être son nom et son prénom ? J’essayai :
« Narcisse ?
– R’sis ! »
Sa joie était visible, mais les mots se refusaient à sa mémoire et il en avait les larmes aux yeux. J’insistai donc :
« Narcisse ? C’est bien cela, mon garçon ? Tu t’appelles Narcisse ?
– R’sis », confirma-t-il en posant la main sur son cœur.
Nous restâmes alors muets, émus tous deux de ce premier contact. Je le fixai sans cesse, comme si son visage allait me révéler le secret de son existence.1

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