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Une « Voix » refusée aux populations autochtones d’Australie : pourquoi et comment ?

« En 1967, nous avons été comptés, en 2017, nous cherchons à être entendus. »

En 1770, le capitaine Cook déclare l’Australie Terra Nullius (« territoire sans maître ») après avoir atteint Botany Bay à Sydney le 26 avril et en fait un nouveau territoire de la Couronne britannique qui est devenu par la suite une colonie pénitentiaire. Le 18 janvier 1788, la première flotte arrive à Sydney Cove avec les premiers bagnards. Depuis lors, l’Australie vit avec le mensonge d’une terre vide, malgré les 65 000 ans de présence continue des Australiens aborigènes et des insulaires du détroit de Torres. En 1962, le droit de vote a été accordé aux aborigènes et aux insulaires du détroit de Torres, mais le vote n’était pas obligatoire. Toutefois, le droit de vote n’a été pleinement accordé au niveau fédéral qu’en 1984, lorsque les autochtones d’Australie ont dû s’inscrire sur les listes électorales. En 1963, les Yirrkala Bark Petitions (littéralement, pétitions sur écorce de Yirrkala) sont présentées au parlement. C’est l’une des premières fois que les Aborigènes présentent un document pour la reconnaissance de leurs terres. Voir plus

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Des îles pas comme les autres : la soupe-plastique de l’océan Pacifique

« Une mer d’îles », voilà comment l’écrivain et anthropologue fidjien-tongien Epeli Hau’ofa décrit l’océan Pacifique, vaste étendue d’eau dont les populations connaissent et utilisent les voies de circulation. Contrairement à une vision d’îles isolées les unes des autres, Hau’ofa au contraire cherche à montrer l’unité des peuples océaniens au sein de l’océan Pacifique. Mais en 1997, l’océanographe américain Charles J.Moore traverse avec stupeur dans le Pacifique Nord1 une île relativement nouvelle, disséminée et qui s’avère aujourd’hui s’étendre sur l’équivalent de 3 fois la France hexagonale. Une île immense, en surface mais aussi au fond de l’eau, constituée principalement de…plastique.
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Les arts extra-européens au cœur du Forez, le musée des Civilisations de Saint-Just-Saint-Rambert

Si lors de vos vacances ou pérégrinations dans la campagne ligérienne vous passez non loin de la ville de Saint-Just-Saint-Rambert, dans le Forez (non loin de Saint-Etienne), n’hésitez pas à faire une pause au musée des Civilisations – Daniel Pouget. Ce musée municipal, ouvert au public en 1965 et aujourd’hui Musée de France, se situe dans l’ancien prieuré de cette ville, au pied de l’église romane. Créé par l’association des Amis du Vieux Saint-Rambert, il s’attache à faire découvrir les civilisations locales (celles du Forez), mais également les civilisations extra-européennes. Comment un musée situé loin des côtes et des ports, a-t-il pu rassembler plus de 10 000 objets d’art extra-européen, venus de tous les continents ? Comme pour beaucoup de musées d’art extra-européen à l’intérieur des terres, grâce à des figures locales passionnées, collecteurs, collectionneurs, voyageurs…

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Tupuna, de Moearii Darius : regards multiples sur l’Histoire, message d’espoir pour la culture et le patrimoine polynésien

« Aucun homme, pourtant, ne saurait vivre normalement en étant coupé des racines de son passé, il n’en est pas autrement des sociétés ».1

Ce constat de José Garanger, archéologue, professeur à l’université Paris I qui orchestra des fouilles en Polynésie avec ses étudiants, pourrait être le leitmotiv de Moearii Darius, au cours de son long projet (plus de dix ans) de documentation puis d’écriture de l’ouvrage Tupuna, Voyage sur les Traces des Ancêtres à Tahiti et dans les îles, publié en 2021 chez Au vent des îles. Voir plus

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Cannibale, entre travail d’historien et récit de fiction pour lutter contre l’oubli

En 1998, année même de la signature des accords de Nouméa1 était publiée la première édition de l’ouvrage Cannibale de Didier Daeninckx. Ceci n’est pas anodin car cette publication voit le jour à la suite d’un séjour d’un an de l’auteur en Nouvelle-Calédonie, à un moment où les revendications indépendantistes, opposées à ceux qui soutiennent la présence du gouvernement français sur le territoire, créent un climat de violence politique. Pendant ce séjour, il pose des questions, il observe la situation politique, il se renseigne par des sources écrites autant qu’orales sur la période coloniale et ses conséquences en Nouvelle-Calédonie. Il en ressort une histoire, une histoire oubliée et méconnue, celle des Kanak exhibés dans le bois de Vincennes lors de l’Exposition coloniale de 1931, histoire sombre de Kanak échangés comme des objets ou des animaux contre des crocodiles et envoyés sans leur consentement dans un cirque allemand.

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The Whale Rider, un récit initiatique au cœur de la tradition maorie

« La première fois que j’ai vu Moby Dick […], j’étais déçu de la manière dont la grande baleine blanche était présentée comme démoniaque : en réalité, elle essayait juste de se sauver du capitaine Ahab ».1

Nous ne vous parlerons pas de Moby Dick aujourd’hui, mais de l’œuvre de Witi Ihimaera, auteur maori du livre The Whale Rider, traduit en français par « Kahu, fille des baleines » publié initialement en 1987. L’œuvre a été adaptée pour le grand écran en 2002, dans un long-métrage réalisé par Niki Caro2 et produit par South Pacific Pictures. Le livre et le film prennent place principalement à Whangara, une petite communauté maorie près de Gisborne, sur la côte est de l’île Nord de Aotearoa (Nouvelle-Zélande), au sein de laquelle l’auteur a grandi.

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Des curiosités exotiques au primitivisme

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Cet article a été écrit pour le catalogue de la troisième édition du Bourgogne Tribal Show, 2018.

« Tu marches vers Auteuil tu veux aller chez toi à pied
Dormir parmi tes fétiches d’Océanie et de Guinée
Ils sont des Christs d’une autre forme et d’une autre croyance »
Guillaume Apolinaire, « Zone », 1913.

Ces vers du poète Guillaume Apollinaire témoignent de son intérêt précoce pour les arts extra-européens. Nous sommes en 1913, à la veille de la première guerre mondiale et le bientôt célèbre recueil de poèmes Alcools, vient de paraître. Apollinaire ne le sait pas encore, mais le regard porté par l’Occident sur les objets du Pacifique est à l’aube d’une double métamorphose qui marquera radicalement l’histoire des arts et des musées ethnographiques. Voir plus

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Les musées peuvent-ils tout exposer ? Les « tjuringa », un secret bien gardé ?

       Si vous avez l’occasion de visiter l’exposition « La quête du savoir rencontre la soif de collectionner » au musée des Cultures de Bâle,1 vous vous interrogerez certainement quant à la présence d’un rectangle orange dans l’une des vitrines, au sein duquel… aucun objet n’est présenté. À première vue, on pourrait croire que cette absence est due à un souci de restauration, un prêt qui n’est pas arrivé à temps, bref un problème technique. Si vous regardez de plus près, il est en réalité indiqué que l’objet en question ne sera pas présenté, car il ne peut être vu par tous.

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Des cultures derrière les objets : l’exposition « Une mer d’îles – chefs d’œuvre d’Océanie » au musée Volkenkunde

    Le jeudi 20 février avait lieu le vernissage de l’exposition Une mer d’îles – chefs d’œuvre d’Océanie au musée Volkenkunde, à Leiden, aux Pays-Bas. CASOAR répondait présent à l’évènement. On doit vous dire qu’on était assez impatients de découvrir ce qui se cachait derrière un titre qui faisait potentiellement référence à l’auteur et anthropologue fidjien Epeli Hau’ofa, à travers la notion de « mer d’îles ». Voir plus