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Is there such a creature as “traditional culture”? *

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As explained by Sean Mallon in his now famous ‘Against Tradition’ (2010), the story began with Samoan writer Albert Wendt. While Wendt started his discussion on the word “tradition” and its use in the 1970s, the debate took a larger scope in the 1990s, as he was working on the creation of a museum - Te Papa Tongarewa, Wellington, New Zealand – as member of the Pacific Advisory Committee. Wendt had a simple request then: to abandon the term “traditional art”1 in the future museum. But why?

       Le mot « tradition » ou « traditionnel » est souvent utilisé en anthropologie, mais également en histoire de l’art afin d’évoquer, en tout cas pour le Pacifique, un phénomène qui a eu lieu dans le passé et, la plupart du temps, pendant une période précoloniale. C’est aussi une façon de parler de choses considérées comme « anciennes » et donc « authentiques » qui s’opposent alors aux termes « contemporain  » et « inauthentique ». Voici le début du problème tel que l’ont expliqué Wendt et Mallon.

The main issue arising with the word “tradition” is temporality. When something is referred to as “traditional”, at least in the context of Pacific cultures, it often refers to something which was created or happened before the arrival of European colonisers, or continued in the exact same manner. It is in this way that for some, being “traditional” is equivalent to being “authentic”, to being “pure and untouched by the outside world”.2 However, with this conception, a possible change and transformation of this so-called “tradition” is impossible, which leaves Pacific cultures with a “true” past but no future worth considering.

        Following this use of the word “tradition”, “contemporary” becomes its direct opposite. But there another problem arises. Indeed, by using these two words as opposites, they become antinomic and cannot be used in one singular context. This implies that, considering that something “contemporary” is something “new” and “innovative”, contemporaneity becomes irrelevant to past practices. However, we know that it is far from being the case as several cultures have got concepts and or beliefs that defy the dichotomy between “tradition” and “contemporary”. In most situations and cases, the concepts work together.

        La compagnie de danse autochtone australienne Bangarra Dance Theatre que nous vous avons déjà présentée à plusieurs reprises here and here, est souvent définie comme une compagnie de danse qui entremêle à la fois la danse autochtone « traditionnelle » et la danse « contemporaine ». Mais bien que ce soit la compagnie elle-même qui se définisse en ces termes, elle nous met toutefois en garde contre une mauvaise utilisation ou interprétation des deux termes.

En rattachant le mot “contemporain” à la forme, on pourrait dire que nous sous-entendons alors « postcolonial », « moderne » ou « non-traditionnel ». Néanmoins, avec l’émergence de nombreuses œuvres qui trouvent leur inspiration à travers les cultures autochtones qui ont existé depuis des temps très anciens, ce qui est « traditionnel » et ce qui est « nouveau » peuvent exister de manière simultanée ».3

         En effet, ainsi que l’exprime le titre de la production de 2019 de Bangarra 30 years of sixty-five thousand (30 années de soixante-cinq mille), on considère l’Australie comme hébergeant la plus longue culture continue au monde. Contrairement à ce que le mot « tradition » sous-entend – que la tradition s’arrête là où les Européens arrivent – la culture « traditionnelle » d’Australie est toujours bien vivante aujourd’hui au XXIth siècle. À travers son œuvre, Bangarra explore, dans sa totalité, le sens de cette « tradition contemporaine » qui implique de respecter de nombreux protocoles afin de respecter la culture autochtone. Cela inclut la consultation des aînés des communautés qui détiennent les droits sur leurs terres, leurs croyances et pratiques culturelles. En tant que compagnie de danse, Bangarra perpétue la culture autochtone australienne sous toutes ses formes à travers le langage, celui du corps et celui des mots.

      Mais si cela est vrai pour l’Australie, qu’en est-il des autres cultures du Pacifique ? Dans leurs travaux sur le musée Te Papa Tongarewa, le Comité consultatif a opté pour le mot « coutumes » (« custom » en anglais) comme alternative à « tradition ». En effet, ce mot est directement lié à des concepts connus dans le Pacifique, plus précisément celui de kastom au Vanuatu. Comme le décrivent Margot Kreidl et Garance Nyssen dans Le Centre Culturel du Vanuatu – Petite visite dans une grande maison de réunion, la kastom est la « part matérielle et immatérielle visible et invisible de la culture précoloniale ni-vanuataise mais [a une dimension qui] insiste aussi sur sa fluidité, c’est-à-dire sa capacité à évoluer avec le monde contemporain ».4 Cette définition évoque un aspect similaire à celui contenu dans le terme de « culture continue » du monde autochtone australien.

        Words have ideological baggage. If the word “tradition” is used, the background should be taken into consideration in order not to take shortcuts in the history of Pacific Ocean peoples and their living cultures. 

Clémentine Débrosse

*The title is a quotation from WENDT, A., 1976. ‘Towards a New Oceania’. Mana Review, 1 (1), p. 52 (pp. 49-60).

Image à la une : Lisa Reihana, he tautoko,  2006, Museum of Archeology and Anthropology, Cambridge. © Photo : Kerry Brown.

1 MALLON, S., 2010. ‘Against Tradition’. The Contemporary Pacific, vol. 22 – 2. Hawaii, Hawai’I University Press, p. 362.

2 MALLON, S., 2010. ‘Against Tradition’. The Contemporary Pacific, vol. 22 – 2. Hawaii, Hawai’I University Press, p. 364.

3 BANGARRA DANCE THEATRE, 2019. 30 Years of Sixty-Five Thousand – Study Guide for Teachers and Students, p. 5.

4 KREIDL, M., et NYSSEN, G., 2018. « Le Centre Culturel du Vanuatu – Petite visite dans une grande maison de réunion ». In CASOAR. https://casoar.org/2018/09/26/le-centre-culturel-du-vanuatu-petite-visite-dans-une-grande-maison-de-reunion/, dernière consultation le 23 mars 2020.

Bibliography:

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