À la fin du XXème siècle, les anthropologues commencèrent à reconnaître l’implication de leur discipline dans la domination d’autres peuples, à travers l’esclavage, l’impérialisme et le colonialisme. De quelle manière une discipline qui a pour but d’étudier l’Homme a-t-elle pu participer à la domination et la discrimination de ce dernier ? Comment l’anthropologie, dans les débuts de sa formation, a-t-elle pu servir une idéologie coloniale ? C’est à ces questionnements que l’article propose de réfléchir. Mais avant toute chose, il nous faut cerner ce que signifie « anthropologie » et quelles sont les racines de cette discipline. Voir plus

Sous le béton, le poison
Spear : histoire d’un patrimoine indigène
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Djali veut comprendre ce qu’être un homme veut dire. Son voyage commence en Terre d’Arnhem et l’emmène jusqu’à Sydney. Dans sa quête de sens, Djali s’expose aux histoires tourmentées d’autres hommes aborigènes d’Australie. Il est le témoin des infamies et des difficultés qu’ils doivent affronter alors qu’ils négocient leur vie dans une société qui refuse de reconnaître leurs besoins. Le défi de Djali est de tracer un chemin qui le guide vers une existence qui le nourrisse au lieu de le détruire.1 Voir plus
Vous avez dit « objet ethnographique » ?
Parmi les nombreuses catégories à travers lesquelles la culture matérielle du Pacifique a été envisagé par l’Occident, il en est une qui a fait long feu et dont les contours restent pourtant assez flous pour les non-initiés : c’est celle des « objets ethnographiques ». Voir plus
Les Lumières à Tahiti ou l’histoire d’un tragique malentendu
Cet article est l’adaptation de notre conférence De la Vahiné à Vaiana : mythologies européennes de l’Océanie, des Lumières de la philosophie à celles des projecteurs, qui s’est tenue à l’École du Louvre le 27 mars 2019, dans le cadre de notre partenariat avec le Bureau Des Élèves de l’École du Louvre pour le gala « Mythes et Légendes ».
Plages de sable blanc, eaux turquoises et vahinés : voilà les quelques images qui viennent à l’esprit de nombreux d’entre nous lorsque l’Océanie est évoquée. Si les paysages paradisiaques existent bel et bien, qu’en est-il de ces fameuses vahinés ? Éternellement accompagnée de son ukulélé, enchaînant les pas d’une danse lascive… la femme polynésienne telle que vue dans l’imaginaire populaire semble donner un avant-goût du paradis. Voir plus
À propos du VIH/SIDA, Regard sur la Mélanésie
L’arrivée dans le Pacifique d’explorateurs, de missionnaires, de colons, de marins, de marchands, de touristes, de chercheurs, de la mondialisation, etc. a naturellement conduit à des modifications dans la vie, les comportements et les pratiques des habitants de l’Océanie. Ces changements ont touché jusqu’aux domaines qui nous semblent les plus intimes, comme celui de la sexualité ; prenons un exemple. Les massues subi étaient utilisées, entre autres, sur l’île de Malaita dans l’archipel des Salomon, en Mélanésie. Selon Pierre Maranda1, « subi » signifie « angle », « coude », mais aussi « clitoris ». Voir plus
Tous les sarcophages n’abritent pas des pharaons
Les bombes nucléaires américaines tombèrent sur les villes japonaises d’Hiroshima et de Nagasaki le 6 et le 9 août 1945. Elles sonnèrent le glas de la Seconde Guerre mondiale (1939-1945), mais ouvrirent la voie à la Guerre froide (1947-1991) dont les deux protagonistes majeurs furent les États-Unis (E.-U.) et l’URSS. Entre 1945 et 1961, ces deux camps menèrent de nombreuses expérimentations dans le but de détenir en premier la bombe atomique la plus puissante. C’est dans ce contexte que les États-Unis engagèrent, de 1946 à 1958, une soixantaine d’essais nucléaires sur plusieurs atolls des Îles Marshall, archipel micronésien sous le joug américain suite à la victoire des Alliés et ce jusqu’à son indépendance en 1986 1.
CASOAR vous propose aujourd’hui de revenir sur l’une des ruines de ces expériences, le dôme de Runit, situé sur l’atoll d’Enewetak (chaîne de Rālik, République des Îles Marshall, RIM). Voir plus
Le malangan : entre agent et patient
En 1998, Art and Agency, la théorie sur laquelle Alfred Gell avait travaillé toute sa vie, est publiée un an après la mort de son auteur. Cette théorie allait devenir une des plus marquantes dans le champ de l’anthropologie et de la culture matérielle.
Le concept développé par Gell consistait à « [classifier] toutes les entités du monde entre celles qui « comptent » comme agents et celles qui ne comptent pas ».1 Qu’entendait-il par le terme « agent » ? Voir plus
Merry Christmauss
Rarement un écrit en sciences humaines aura eu autant de lecteurs, d’impact et de détracteurs. L’Essai sur le don rédigé par Marcel Mauss (1872-1950) paraît pour la première fois dans la revue L’Année sociologique dans son volume des années 1923-1924. L’auteur, neveu d’Émile Durkheim (1858-1917), qui est considéré comme le fondateur de l’école française de sociologie, choisit de poursuivre l’ambition d’asseoir pleinement cette discipline. Ce sont finalement autant des sociologues que des anthropologues qui se sont emparés de ce texte au cours du XXème siècle, en faisant littéralement le « propre don de Mauss aux siècles à venir ».1 Voir plus
Le guide du routard ontologique
La vulgarisation n’a pas toujours bonne presse auprès des anthropologues mais que celui qui n’a jamais eu envie de crier « Kamoulox » au milieu d’une de ces phrases où Philippe Descola parvient à caser à la fois les termes « ontogenèse » et « solipsisme » me jette la première pierre. Car si nous sommes convaincus chez Casoar que l’anthropologie est bonne pour la santé, elle est souvent bien difficile d’accès pour les non spécialistes et constitue aux yeux de beaucoup une discipline d’initiés, peu accueillante. Pourtant, aujourd’hui plus que jamais, l’anthropologie est nécessaire, vitale même, pour nous permettre de penser le monde qui nous entoure. C’est pourquoi Casoar a décidé de s’attaquer aujourd’hui avec vous à une question particulièrement épineuse et complexe mais ô combien riche d’enseignements : le tournant ontologique.